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8 juillet 2006 6 08 /07 /juillet /2006 10:25

Depuis toujours l’homme a l’obsession d’être le premier. Etre le premier à découvrir les Amériques, le premier à inventer la bombe atomique, le premier à aller sur la lune etc etc …

Quand bien même on ne serait pas destiné à laisser une trace aussi profonde que celles là dans le sillon de l’humanité, on éprouve dans la vie de tous les jours comme un sentiment de plénitude lorsque l’on réussit à occuper une place au premier rang à l’Olympia, a rentrer en premier dans ce magasin le premier jour des soldes, ou bien à démarrer en premier au feu rouge.

A l'école, où l'on est depuis la plus tendre enfance conditionné à conquérir la première place, l'ordre des choses banales est le plus souvent régit par l'ordre alphabétique, ordre supérieur au sein de l'Education Nationale. Moi qui suis un "t" (c'est-à-dire que mon nom de famille commence par un "t") j’ai souvent envié les "a" et les "b", ceux qui en premier savaient dans quelle classe ils étaient affectés, ceux qui connaissaient leurs notes avant tout le monde. Au fond d'eux les "a" savaient que l'orthographe de leur patronyme leur conférait un avantage absolu et ils en profitaient pour nous torturer un peu, par exemple en sortant de la visite médicale en nous faisant croire qu'on était sur le point de subir des trucs abominables auxquels ils venaient juste de survivre avant de nous laisser à notre attente insupportable et de s'en aller jouer dans la cour de récréation en riant.

Parfois pourtant être le premier n’a pas que des avantages. En temps de guerre, par exemple, les "a" ont beaucoup plus de chance que les "t" de sauter sur les mines (on le sait assez peu mais l’ordre alphabétique est aussi très prisé par le ministère des armées quand il s’agit de trouver des volontaires pour s’aventurer en premier dans un terrain inconnu possiblement miné).

Parfois quand il sent le danger l’homme renonce à cette quête d’excellence et lance un « vas-y toi plutôt » à un congénère moins finaud. C’est ainsi que l’espèce humaine s’améliore par la survie de ceux qui appréhendent le danger. Notons au passage que cela contribue aussi à parfaire les capacités de manipulation de cette même espèce.

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6 juillet 2006 4 06 /07 /juillet /2006 11:45

J’ai toujours eu du mal à comprendre l’intérêt qu’il pouvait y avoir à courir après un ballon et peut être encore plus celui qu’il pouvait y avoir à enfiler LE survêtement officiel de l'équipe de France et se vautrer dans le canapé pour observer, une bière à la main, ses contemporains se livrer à cette curieuse occupation.

Au passage, ça m’a toujours amusé ça, le fait de se procurer LE vêtement ou LE matériel exact d’un champion en espérant améliorer ses performances. Est-ce que si je me laisse pousser les cheveux n’importe comment, je serai à même de pondre une théorie du niveau de celle de la relativité générale ? Et si je me laisse pousser la barbe très très long, est ce que je serai capable de produire des solos de guitare électriques improbables façon zztop ou bien de joyeuses ritournelles à la Corbier.

Au-delà du manque d’intérêt pour la discipline (qui fait de moi un très mauvais collègue à la machine à café en ce moment) je suis sidéré de la place que prend l’événement dans ce mois de juillet. L’autre soir, le journal télévisé est revenu quatre fois sur l’événement consacrant près de 80 % du temps au sujet et seulement 24 secondes à l'expérimentation grandeur nature par la Corée du Nord du missile Taepodong pouvant, sur un malentendu, nous mener vers la vitrification totale de l'espèce humaine et l'avènement de l'ère des insectes.

Tout le monde vous le dira, de bons résultats de l'équipe de France, peuvent relancer l'économie de notre beau pays. Pour autant, à observer les mines défaites de mes congénères dans le métro ce jeudi matin, il est peu probable que le CAC 40 s’envole aujourdhui du fait de notre productivité du jour. Par contre dès demain, dopés par le succès de leur équipe nationale, c'est sur, les Français travailleront plus dur, reprendront le moral, se mettront à consommer et à faire des bébés. Peut être même ils feront repartir la croissance, et c’est le but.

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1 juillet 2006 6 01 /07 /juillet /2006 14:19

Le premier juillet marque le début des vacances et avec lui celui des grands départs. L’occasion pour les rédactions des  chaînes de télévision de se livrer à de passionnants reportages d’investigation sur le périple de la famille Lambert interviewée sur l’aire d’autoroute de Montélimard ouest. Ils sont partis de Montgeron dix heures plus tôt et tentent de rejoindre leur camping à Pallavas-Les-Flots. Ils nous disent qu’ils ont préféré partir tôt ce matin pour éviter les grosses chaleurs à cause des petits et que vraiment ca roule pas terrible surtout depuis Fourvière, que l’an dernier à la même date ils tenaient une meilleure moyenne. Avant de partir ils ont pris soin de programmer leur magnétoscope, ils montreront la cassette à leur amis au prochain apéro.

Fin juillet on nous servira le retour des Lambert pris dans les bouchons, mais dans l’autre sens, illustrant le chassé croisé avec les aoûtiens. Avant leur retour on aura aussi interviewé Mamie Lambert qui pendant ce temps là boit du sirop dans la salle climatisée d’une maison de retraite de longeville-les-blois.

Début septembre, on suivra avec passion la rentrée en sixième du petit Lambert quelques minutes avant la méteo pendant laquelle on pourra s'émerveiller devant le compte rendu détaillé de la naissance des bébé pandas au zoo de Berlin.

Quelques années plus tard, le même petit Lambert (maintenant couvert d’acné ) ratera son bac à cause du stress généra par l'équipe de télé a ses basques pendant les épreuves. Peut être que du coup il s’orientera vers des études d’horloger et pourra témoigner au journal de vingt heures au moment du changement d’heure que ça fait du boulot quand même d'avancer toutes ces pendules d'une heure (pour le cas où le reportage illustre le passage à l'heure d'été)

A moins qu’il ne termine sdf et qu’on le retrouve en train de danser le twist avec ses amis sdf dans un reportage couvrant un dîner de noël organisé sur une péniche louée pour l'occasion par le secours catholique.

Sans aucun doute, après avoir vu un tel reportage, on se sent vraiment au courant de ce qui se passe dans la monde : ahhhhhhh les gens partent en vacances le premier juillet et ils ont chaud, dingue ça.

Je pense que ces sujets prévisibles et récurrents ont principalement un intérêt économique : ils ne coûtent pas bien cher à tourner. Et puis, si l'on est à la bourre on pourra toujours envoyer un stagiaire chercher un vieille cassette pour le montage et puis un café aussi s’il te plait jeune Lambert.

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29 juin 2006 4 29 /06 /juin /2006 10:22

A Tokyo l'un des trucs les plus compliqués, c’est de sortir du métro : les stations de métro sont de vrais labyrinthes multi-niveau d’où il est difficile de s’extraire. C’est un peu comme si le type qui a conçu la station Châtelet les halles avait conçu toutes les stations de métro ici.

A Tokyo, une fois que l’on est sorti du métro on n’est pas forcement tiré d’affaire pour autant, souvent les stations de métro coupent véritablement le quartier en deux parties étanches, et il peut être difficile de passer d’un coté à l’autre de la voie ferrée.

A Tokyo, les urbanistes n’ont pas passé trop de temps à mettre des panneaux dans les rues. Ca ne les intéresse absolument pas. Parfois on a l’impression d’avoir une piste parce que l’on trouve par hasard un panneau avec un nom qui ressemble à celui de là où l’on veut aller, seulement voilà, en général c’est le nom du quartier, ce qui fait que la rue perpendiculaire et la rue adjacente portent le même nom, comme dans un cauchemar en fait.

A Tokyo, dans les hôtels au petit déjeuner on entend le chant des oiseaux. Visiblement dans ce pays les piafs vendent énormément de disques.

A Tokyo tout ce qu’on peut acheter est au moins emballé trois fois, l’industrie du packaging se porte bien ici. C’est le seul pays que je connaisse ou l’on peut acheter des fraises en barquette individuelle et où le Perrier est conditionné dans des bouteilles de 12 centilitres.

A Tokyo, les chauffeurs de taxi ont tous 150 ans. Cette longévité est un peu paradoxale compte tenu du fait qu’ils fument comme des pompiers et que la nicotine jaunit les jolis napperons qui recouvrent les sièges. Je n’arriverai jamais à me faire au fait que les portes de taxis japonais s’ouvrent toutes seules.

A Tokyo, aujourd’hui il fait 35 degrés.

Tokyo est un vertige.

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25 juin 2006 7 25 /06 /juin /2006 02:38

Quand on voyage en Asie et notamment au Japon, que ça soit en train en métro ou en avion, il n’est pas rare d’être le seul occidental dans le moyen de transport en question. Ceci a principalement deux conséquences, l’une de dépasser toujours l'assemblée d’au moins une tête, l’autre de se sentir observé un peu comme pourrait l’être un martien fraîchement descendu de sa soucoupe.

Les Asiatiques ont cette capacité à vous dévisager du coin de l’œil, à vous observer sans jamais donner l’impression de vous regarder. Je pense que cette technique s’apprend à l’école après l’age de huit ans car les petits enfants, eux, vous dévisagent carrément, avec un air mi-curieux mi inquiet.

Aujourd’hui je voyage en avion entre la Chine et le Japon dans un boeing 767 de la JAL.

C’est toujours rigolo les vols intérieurs au Japon.

D’abord la file d’attente rectiligne, impeccable, un peu comme si la mise en place des gens avait été répétée mille fois, comme si l’emplacement de chacun était marqué avec des petits morceaux de scotch blanc phosphorescents, comme au théâtre.

Ensuite les démonstrations de sécurité récitées dans un anglais improbable par une hôtesse strapontée  déchifrant avec peine son annonce phonétique.

Au moment où l’avion roule sur le tarmac il tombe des cordes, pluie tropicale n’arrivant sans doute pas à faire passer le thermomètre sous la barre des 38 degrés.

Au décollage, je suis hypnotisé par le ballet des grandes bandes blanches peintes sur la piste d’envol qui défilent à toute vitesse sur les télés dans la cabine. Ces images proviennent d’une petite caméra située dans le nez de l’avion, gadget inutile mais tellement excitant. Il paraît qu’air France a equipé certains avions récents de ce système mais le déconnecte à l’atterrissage car des gens se sont plaints que ça leur faisait peur, moi j’adore de truc.

J’ai toujours une petite angoisse à chaque fois quand le commandant fait une annonce dans une langue que je ne comprends pas, en l'occurence en japonais. Je me demande dans quelle mesure il n’est pas en train de nous informer d’un drame imminent, peut être son annonce dit-elle en substance : « Vénérables passagers, suite à une regrettable erreur de pilotage de ma part, il m’est pénible de vous annoncer que nous perdons tout notre carburant et que nous allons sans doute nous écraser bientôt après une vertigineuse chute. Je vous prie de vouloir me pardonner pour cette erreur impardonnable que j’ai commise en raison de mon incompétence, je vous prie aussi de m’excuser d’avoir troublé la quiétude de votre repas par cette dérangeante annonce que je vous remercie beaucoup d’avoir bien voulu avoir l’infinie patience d’écouter. Je vous remercie beaucoup beaucoup beaucoup, je vous remercie vraiment."

Par chance, il me semble deviner à l’écoute de la version presque anglaise qu’il nous annonce que nous débutons notre descente vers l’aéroport de Narita et qu’on est priés de ranger les ordinateurs portables, de relever le dossier et la tablette de notre siège et de mettre fin à la rédaction de ce billet.

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21 juin 2006 3 21 /06 /juin /2006 04:32

Le séminaire annuel est un évènement courant dans bon nombre d'entreprises multinationales.

Celui où je me trouve pour deux jours, a lieu dans une ville de chine paraît t’il très chouette (je dis paraît t’il car en général, et c’est assez frustrant, ce genre de manifestation laisse assez peu la place pour se faire des trucs fous, comme par exemple sortir de l’hôtel pour aller se promener). C’est curieux comme les salles de réunions se ressemblent, qu’on soit à New York, Saigon ou Hangzhou…

Le déroulement d'un séminaire est somme toute assez prévisible :

A l’aéroport il y a en général un type qui vous attend avec un petit panneau et votre nom dessus. Il vous sourit une fois que vous lui avez fait un signe qui confirme que vous êtes le type dont le nom est sur le panneau. Il parle deux mots d’anglais (good morning), il a une chouette voiture avec les vitres teintées et l’air conditionné dedans (c’est tant mieux car dehors il fait 38 degrés et 150% d’humidité). Il vous conduit gentiment à travers la ville jusqu'à votre hôtel pendant que votre corps s'etonne qu'il fasse grand jour alors qu'il est trois heure du matin à sa montre.

Une fois arrivé à l’hôtel, un autre type qui a suivi le même cours d’anglais (good morning) vous dépossède de votre valise. Ca m’a toujours un peu stressé le rapt de valise en arrivant à l’hôtel : on ne la voit plus jusqu'à ce que par miracle un spirou frappe à la porte de votre chambre et vous la rene sans même exiger une rançon autre qu'un léger pourboire. A cette minute là, je suis en général émerveillé. C’est vraiment une machine bien rodée le truc des valises dans les grands hôtels, je pense que le personnel est recruté pour ses capacités télépathes : vous ne voyez jamais le type de la reception parler avec le bagagiste et pourtant le bagagiste il retrouve votre chambre du premier coup.

Le séminaire proprement dit comporte un certain nombre de figures imposées : le discours du grand chef qui dit que les résultats sont pas mal qu'il faut se bouger davantage, les retardataires qui essaient de se faire le plus discrets possibles (ils sont arrivés la veille et ont eu du mal à se lever ce matin a cause de l’énorme biture qu’ils ont pris la veille). Et puis aussi les jolies présentations Powerpoint aux camemberts chamarés qui défilent toute la journée alors que l’on tente de lutter avec plus ou moins de succès contre le décalage horaire.

Le soir c’est dîner tous ensemble, le plus souvent suivi d’une séance de ce qu’il est convenu d’appeler la franche camaraderie après la travail (rien ne vaut une bonne cuite pour souder les équipes) pouvant prendre la forme au choix, d’un verre au bar de l’hôtel, d’un karaoké bien arrosé voire, pour certains, d’un petit tour aux putes avant de rentrer à l’hôtel.

Perso j’ai un peu de mal avec ce concept très asiatique qui consiste après une journée de travail à aller aux putes entre collègues pour se détendre. D’ailleurs en général à cette heure là je suis couché. Je souffre en effet de ce handicap congénital (que j'ai baptisé narcodécalepsie) qui fait qu’au dixième coup de vingt deux heures je tombe de fatigue, faiblesse décuplée par le décalage horaire.

La respiration d’après on se retrouve dans la voiture du type au panneau en route pour l’aéroport avant d’avoir eu le temps de dire ouf.
Mais au fait comment on dit ouf en chinois ?

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20 juin 2006 2 20 /06 /juin /2006 02:28

J’ai toujours aimé les aéroports. Il y a dans ces lieux une atmosphère qu’on ne retrouve nulle part ailleurs.

Etant petit, l’aéroport d’Orly était parfois la balade du dimanche à l’époque où les distributeurs de billets n’étaient pas si nombreux et souvent vides le week-end. L’aéroport d’Orly, c’était la garantie d’un distributeur toujours replet même pendant les ponts. J’adorais qu'on se promène dans l’aérogare, aller sur la terrasse pour regarder les avions décoller. L’aéroport d’Orly a cette odeur caractéristique mélange de vapeurs de kérosène et de solvants des matériaux de construction employés dans les années soixante. L’odeur d’Orly est unique au même titre que celle qui règne dans la ligne 1 du métro.

Quand je dois prendre un avion, j’aime bien arriver très en avance, me mettre dans un coin et regarder les gens. Départs, arrivées, embrassades, retrouvailles, larmes, courses contre la montre, retards, rupture, coups de foudres, bousculades, attente, angoisses, excitation. J’observe avec amusement les gamins avec leurs énormes étiquettes autour du cou qu’une hôtesse emmène à l’avion en les tenant par la main, les portes automatiques des arrivées qui s’ouvrent sur les mines défaites des voyageurs qui viennent de passer deux six douze ou vingt heures dans un avion, les chauffeurs qui attendent un client qu’ils ne connaissent en tenant un panneau à l’orthographe approximative.

L’aéroport est un petit monde à part entière, une vibration permanente qui donne parfois l’impression comme dans les clips d’être immobile alors qu’autour de soi tout défile en accéléré.

Un peu comme là maintenant autour de moi dans le salon de l’aérogare 2C alors que j’attends un vol pour pékin en tapotant ce billet ce lundi après midi.

 

 

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19 juin 2006 1 19 /06 /juin /2006 09:09

Je suis en train de faire une valise.

Pour être tout à fait précis j’étais en train de faire une valise juste avant d'entamer l'écriture de ce billet.

La valise est l’un des préliminaires fondamentaux au voyage. J'aime bien sortir toutes les affaires sur le lit, les étaler, faire un tri, parler aux paires de chaussettes  : toi je t’emmène, toi je te t’emmène pas.

Quand on était petit et qu’on partait en colonie de vacances, la valise était un cérémonial qui commençait quelques semaines plus tôt lorsque l’on se rendait en famille à la mercerie pour retirer ces petits rubans de tissus avec son nom dessus que maman coudrait avec amour sur ce magnifique sous pull en acrylique orange (celui qui fait des étincelles quand on l’enlève) afin que celui-ci ne finisse pas dans la valise d’un autre au retour de colo.

Autre étape importante de ce processus, la construction de la liste, qui quelques jours plus tard sera scrupuleusement scotchée sur le dessus de la valise comme un deuxième garde fou au détournement du sous pull en acrylique orange.

Aujourd’hui  plus besoin de liste et à force d’habitude je suis capable de boucler une valise en un temps record (sans rien oublier, c’est ça qui est dur). Par contre je souffre d’une maladie chronique que je tiens de ma mère : quelle que soit la durée du séjour et la taille de la valise, celle-ci finit toujours pleine à craquer (ce qui permet de se livrer à ce petit plaisir unique qui consiste à s’asseoir sur la valise pour arriver à la fermer).

Le plus souvent, au retour, on retrouve la moitié des affaires qui n’ont pas été dépliées, elles ont juste vu du pays et sont beaucoup plus froissées qu’au départ.

Autant faire une valise a quelque chose d’excitant, autant défaire une valise est très ennuyeux : une fois qu’on a enlevé les trucs qu’on a acheté au bout du monde, le reste, principalement du linge sale en boule n’a pas grand intérêt.

Le plus souvent d’ailleurs, on ne prendra pas la peine de décrocher l’étiquette noir et blanc portant les trois grosses lettre CDG symbole du retour au bercail. On ne l’arrachera que plus tard quand on aura besoin de remplir une nouvelle valise sur laquelle bientôt sera posée une autre étiquette et trois lettres différentes et lointaines d’une destination exotique pour laquelle on aura déjà étalé plein d’affaires sur le lit.

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17 juin 2006 6 17 /06 /juin /2006 11:44

J’aime bien les périodes un peu calmes au bureau, celles où l’on ne se sent pas obligé de mettre la cravate, où l’on ne fait pas trop la queue au self, où le téléphone ne sonne presque pas, où l’on a le temps de faire des trucs incroyables, comme par exemple ranger son bureau ou son disque dur.

Un peu comme les éclipses, ces moments là sont relativement rares, mais se reproduisent de temps en temps, par exemple au mois de mai parce qu’il faut finir ses congés, au mois d’août parce qu’il faut prendre des congés, ou entre noël et le jour de l’an parce qu’il faut digérer sa dinde aux marrons.

Ce qui est rigolo dans les périodes creuses, c’est que lorsque l’on envoie un mail à dix personnes, on reçoit le plus souvent au moins neuf notifications d’absence. Il m’est même arrivé d’envoyer à mail à un correspondant en vacances juste avant d’enclencher à mon tour la notification d’absence puis de découvrir à mon retour non sans un certain amusement que nos PC s’étaient mis à se répondre l’un l’autre par des messages d’absence.

J’aime bien ces petites incursions d’infini dans notre monde profondément fini. C’est comme une faille, comme une aspérité dans la continuité de l’espace temps. Comme deux miroirs parallèles qui se reflètent à l’infini, comme la boite de la vache qui rit qui se répète sur la boite de la vache qui rit.

Etant petit (et toujours encore en fait) il m’arrivait de me poser la question de ce qu’il y avait au dessus de moi, le toit de la maison, les oiseaux, les nuages le ciel, les planètes, puis très vite au fur et à mesure du zoom arrière on ressent comme un malaise. Réfléchir à l’infini, c’est un peu quand on tournait sur soi-même dans la cour de récréation de l’école primaire jusqu'à s'étourdir.

Je crois que l’esprit humain ne peut concevoir vraiment l’infini. Il doit y avoir comme une sécurité, un truc qui fait que l’on disjoncte au bout d’un moment pour qu’on ne voit jamais le dernier reflet des deux miroirs. J’ai par exemple beaucoup de mal à concevoir qu’au commencement tout ce qui compose aujourd’hui l’univers tenait dans un truc beaucoup plus petit qu’une tête d’épingle  (et nous dedans) avec rien autour. C'est surtour le rien que j'ai du mal à concevoir en fait.

Alors une fois que l’esprit s’emballe, une fois qu’on est saisi de ce vertige, on se dit que le mieux serait de ne penser à rien.

Mais voilà, se contraindre à ne penser à rien est truc tout aussi impossible et vertigineux.

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14 juin 2006 3 14 /06 /juin /2006 21:31

Le monde de la blogosphère permet tout un tas de fantaisies comme par exemple aller publier chez le voisin. Ce qui quand on y pense est une révolution dans la démarche artistique. On imagine assez mal trouver une grosse de botéro au beau milieu d’un tableau de Picasso, ou une nouvelle de Maupassant au beau milieu d’un recueil de poèmes de Victor Hugo.

C’est ainsi que mon billet du jour se trouve ici chez fcrank qui a eu l’idée de construire un blog autour des premières fois. Je dois dire que je suis très jaloux de cette idée là. C’est souvent drôle, émouvant, surprenant, comme une première fois en fait.

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