J’ai toujours aimé les aéroports. Il y a dans ces lieux une atmosphère qu’on ne retrouve nulle part ailleurs.
Etant petit, l’aéroport d’Orly était parfois la balade du dimanche à l’époque où les distributeurs de billets n’étaient pas si nombreux et souvent vides le week-end. L’aéroport d’Orly, c’était la garantie d’un distributeur toujours replet même pendant les ponts. J’adorais qu'on se promène dans l’aérogare, aller sur la terrasse pour regarder les avions décoller. L’aéroport d’Orly a cette odeur caractéristique mélange de vapeurs de kérosène et de solvants des matériaux de construction employés dans les années soixante. L’odeur d’Orly est unique au même titre que celle qui règne dans la ligne 1 du métro. Quand je dois prendre un avion, j’aime bien arriver très en avance, me mettre dans un coin et regarder les gens. Départs, arrivées, embrassades, retrouvailles, larmes, courses contre la montre, retards, rupture, coups de foudres, bousculades, attente, angoisses, excitation. J’observe avec amusement les gamins avec leurs énormes étiquettes autour du cou qu’une hôtesse emmène à l’avion en les tenant par la main, les portes automatiques des arrivées qui s’ouvrent sur les mines défaites des voyageurs qui viennent de passer deux six douze ou vingt heures dans un avion, les chauffeurs qui attendent un client qu’ils ne connaissent en tenant un panneau à l’orthographe approximative. L’aéroport est un petit monde à part entière, une vibration permanente qui donne parfois l’impression comme dans les clips d’être immobile alors qu’autour de soi tout défile en accéléré. Un peu comme là maintenant autour de moi dans le salon de l’aérogare 2C alors que j’attends un vol pour pékin en tapotant ce billet ce lundi après midi.