Je suis en train de faire une valise.
Pour être tout à fait précis j’étais en train de faire une valise juste avant d'entamer l'écriture de ce billet.
La valise est l’un des préliminaires fondamentaux au voyage. J'aime bien sortir toutes les affaires sur le lit, les étaler, faire un tri, parler aux paires de chaussettes : toi je t’emmène, toi je te t’emmène pas.
Quand on était petit et qu’on partait en colonie de vacances, la valise était un cérémonial qui commençait quelques semaines plus tôt lorsque l’on se rendait en famille à la mercerie pour retirer ces petits rubans de tissus avec son nom dessus que maman coudrait avec amour sur ce magnifique sous pull en acrylique orange (celui qui fait des étincelles quand on l’enlève) afin que celui-ci ne finisse pas dans la valise d’un autre au retour de colo.
Autre étape importante de ce processus, la construction de la liste, qui quelques jours plus tard sera scrupuleusement scotchée sur le dessus de la valise comme un deuxième garde fou au détournement du sous pull en acrylique orange.
Aujourd’hui plus besoin de liste et à force d’habitude je suis capable de boucler une valise en un temps record (sans rien oublier, c’est ça qui est dur). Par contre je souffre d’une maladie chronique que je tiens de ma mère : quelle que soit la durée du séjour et la taille de la valise, celle-ci finit toujours pleine à craquer (ce qui permet de se livrer à ce petit plaisir unique qui consiste à s’asseoir sur la valise pour arriver à la fermer).
Le plus souvent, au retour, on retrouve la moitié des affaires qui n’ont pas été dépliées, elles ont juste vu du pays et sont beaucoup plus froissées qu’au départ.
Autant faire une valise a quelque chose d’excitant, autant défaire une valise est très ennuyeux : une fois qu’on a enlevé les trucs qu’on a acheté au bout du monde, le reste, principalement du linge sale en boule n’a pas grand intérêt.
Le plus souvent d’ailleurs, on ne prendra pas la peine de décrocher l’étiquette noir et blanc portant les trois grosses lettre CDG symbole du retour au bercail. On ne l’arrachera que plus tard quand on aura besoin de remplir une nouvelle valise sur laquelle bientôt sera posée une autre étiquette et trois lettres différentes et lointaines d’une destination exotique pour laquelle on aura déjà étalé plein d’affaires sur le lit.