Piscine 28 degrés, Mer des caraïbes 27 degrés.
On reste dans la piscine.
Venus - Beautiful Day
Je commençais à me lamenter d'être déjà jeudi et de n'avoir pas encore trouvé le temps suffisant à la rédaction d'un billet nécessaire au maintien du rythme de parution bi-hebdomadaire aléatoire auquel j'essaie de m'astreindre, quand je me suis aperçu, un peu par hasard, que ma boite mail était, depuis quelques jours, en train d'affiner un mail du jeune fcrank (dont j'aime le blog beaucoup beaucoup) dans lequel il m'envoyait un billet promis depuis des mois. Billet que voici, donc :
L'air de rien, je projetais d’écrire un billet sur ma tante, chez qui les petits riens prennent des proportions démesurées. Raconter que lorsqu’elle invite des gens à dîner, elle s’y prend deux mois à l’avance, et sitôt l’invitation lancée, elle prépare son dîner et le congèle. De peur de ne pas être prête le jour J.
Qu’elle commence à préparer ses valises six mois avant de partir en voyage, et que dans les trente jours qui précèdent le départ, elle n’accepte plus d’invitation. De peur d’être débordée par les événements.
Que lorsqu’elle renverse du sel à table, elle secoue la salière au dessus de son épaule droite, puis au dessus de la gauche, de manière à éloigner le mauvais sort (mais elle ne sait jamais au dessus de quelle épaule il faut secouer la salière). Que par ailleurs, c'est une ultra maniaque du rangement et de la propreté. Elle y passe ses matinées, en boubou, et ne se lave pas avant midi.
Qu’elle ne se présente pas quand elle téléphone (« Allo, c’est moi, hein, oui, hein »).
Que plus ça va, plus elle est zarbe. Elle a des absences, anone des trucs peu compréhensibles.
Mais on vient de découvrir qu’il y a deux ans, elle a fait un accident vasculaire cérébral, sans s’en rendre compte.
C'est triste à dire : un petit rien dans le cerveau prend tout de suite des proportions démesurées.
Serge Gainsbourg - Ces petits riens
Je me rappelle avoir joué à ce jeu étant petit. Le patatrac c’était un peu comme un mikado à l’envers : on empilait des bonhommes sur un espèce de socle jusqu'à ce que tout s’écroule.
Ces derniers temps, la bibliothèque du couloir de l’entrée et ses environs commençaient à ressembler un peu à un patatrac en fin de partie.
L’impossibilité de retrouver le moindre document sans consacrer une demi-heure à une fouille minutieuse de l’endroit et une amicale pression de mon entourage m’ont poussé à entamer une ambitieuse opération tri et rangement.
C’est inouï le nombre de trucs absolument inutiles que l’on peut garder : le mode d'emploi d'un grille pain, disparu depuis des années, le bon de garantie d'un walkman cassette acheté en 1987, un foultitude de factures de téléphone des dix dernières années ou bien des vieux talons de chéquiers en francs de comptes fermés depuis longtemps.
La plus grande partie de ces trésors est partie à la poubelle, mais j’ai conservé une magnifique collection de petits blocs notes que l’on peut chourer dans les hôtels internationaux. C’est pratique, c’est joli et ça fait des souvenirs, même si laisser un mot à la femme de ménage sur un bloc note du Waldorf Astoria ça fait quand même un peu pétasse.
Je n’ai par contre pas attaqué l’impressionnante collection de savons et gels douche d’hotels qui moisissent dans des cartons à la cave depuis des années dont j'ai déjà parlé ici.
Je suis toujours surpris de l’intérêt que peut générer tout ce qui est gratuit : enfant, j'adorais aller à la foire de Paris ou au salon du Bourget et je prenais un soin méticuleux à arpenter chaque allée dans la quête de kilos de prospectus, poster, stylos, pins, autocollants qui finissaient souvent à la poubelle.
Plus récemment je me suis rendu à un salon professionnel du plastique où les gens faisaient la queue pour ramener des demi boites de cd pas terminées assez semblables à celle que je viens de retrouver dans la bibiothèque.