Je commençais à me lamenter d'être déjà jeudi et de n'avoir pas encore trouvé le temps suffisant à la rédaction d'un billet nécessaire au maintien du rythme de parution bi-hebdomadaire aléatoire auquel j'essaie de m'astreindre, quand je me suis aperçu, un peu par hasard, que ma boite mail était, depuis quelques jours, en train d'affiner un mail du jeune fcrank (dont j'aime le blog beaucoup beaucoup) dans lequel il m'envoyait un billet promis depuis des mois. Billet que voici, donc :
L'air de rien, je projetais d’écrire un billet sur ma tante, chez qui les petits riens prennent des proportions démesurées. Raconter que lorsqu’elle invite des gens à dîner, elle s’y prend deux mois à l’avance, et sitôt l’invitation lancée, elle prépare son dîner et le congèle. De peur de ne pas être prête le jour J.
Qu’elle commence à préparer ses valises six mois avant de partir en voyage, et que dans les trente jours qui précèdent le départ, elle n’accepte plus d’invitation. De peur d’être débordée par les événements.
Que lorsqu’elle renverse du sel à table, elle secoue la salière au dessus de son épaule droite, puis au dessus de la gauche, de manière à éloigner le mauvais sort (mais elle ne sait jamais au dessus de quelle épaule il faut secouer la salière). Que par ailleurs, c'est une ultra maniaque du rangement et de la propreté. Elle y passe ses matinées, en boubou, et ne se lave pas avant midi.
Qu’elle ne se présente pas quand elle téléphone (« Allo, c’est moi, hein, oui, hein »).
Que plus ça va, plus elle est zarbe. Elle a des absences, anone des trucs peu compréhensibles.
Mais on vient de découvrir qu’il y a deux ans, elle a fait un accident vasculaire cérébral, sans s’en rendre compte.
C'est triste à dire : un petit rien dans le cerveau prend tout de suite des proportions démesurées.
Serge Gainsbourg - Ces petits riens