Quand j’étais petit, l’achat de vêtements était toujours un peu une épreuve. C’était un événement familial qui en général se produisait le samedi après midi, souvent quelques jours avant la rentrée des classes, ce moment convivial où toutes les familles se précipitent dans les magasins pour acheter des beaux habits à leur progéniture, se bousculent, ne trouvent rien, s’énervent. Plus tard elles se retrouvent dans les bouchons pour sortir du parking et s’énervent encore.
Pour des raisons qui m’échappent, mon dévolu se jettait le plus souvent sur les vêtements les plus chers (et ce sans même avoir connaissance de leur prix) ce qui n’était pas compatible avec le budget prévu pour l’opération par mes parents, ce qui contribuait d’ailleurs à l’agacement général.
Aujourd’hui, je suis toujours victime de ce qu’il est convenu d’appeler "le syndrome de l’étiquette", mais mon libre arbitre est plus important.
Globalement, l’achat de vêtements est plutôt une activité agréable souvent gâchée par les même petits détails :
- Une vendeuse genre blondasse qui vous tombe dessus à peine avez-vous mis un pied dans le magasin et vous harponne d'un "Je peux vous aider ?" sirupeux.
- Le rideau de la cabine qui est toujours trop étroit et qui, comme celui du photomaton, laisse quoi qu'on fasse un jour d’un coté ou de l’autre permettant à tout quiconque se trouve à proximité de vous voir en slip.
- Ce phénomène étrange qui fait que la dame qui s’occupe des ourlets prend toujours sa pause au moment où vous êtes prêt à vous faire planter des epingles dans le bas de ce beau pantalon neuf. Vous partez donc à sa recherche pieds nus dans un pantalon trop long, l’esprit omnubilé par la possibilité non négligeable de vous faire voler les affaires abandonnées dans la cabine.
L’âge adulte a cet avantage sur l’enfance, que l’on peut en toute impunité se rendre dans n’importe quel magasin de vêtements, laisser s’approcher la blonde vendeuse décrite plus haut, lui faire déballer son entière collection de chemises, avant de lui lancer avec un grand sourire, "non finalement je ne vais rien acheter ici, je vais aller plutôt dans un magasin ou l’on ne vous saute pas dessus et puis pour votre info, cette chemise orange que vous m’avez conseillée et qui me va à raaaavir comme vous dites ne me sied pas du tout au teint, comme tout ce qui est orange d’ailleurs. Je vous laisse tout replier hein ?"