On prend au Japon toute la dimension de la barrière de la langue. Par exemple quand un japonais dit oui, cela peut vouloir dire indifféremment : "oui", "non" , "peut être", "j’ai compris ta question" ou bien "je n’ai pas compris ta question mais je n’ai pas envie de te le montrer pour ne pas perdre la face".
Le problème, c’est que lorsque l’on s’aperçoit de cette curiosité linguistique, il est en général trop tard… Cela se passe en général après avoir, pendant une journée entière, pris pour argent comptant les réponses positives aux questions que l’on a pu poser. Tout s’écroule au moment precis où l’on pose par hasard une question ouverte genre « quel temps fera t’il demain » et que l’on obtient la réponse "yes".
De ce que j’ai compris la nation de « non » s’exprime souvent par la présence du mot « maybe » dans une phrase. Pour résumer si un japonais utilise le mot "maybe" c’est qu’il n’est pas du tout mais alors pas du tout d’accord.
Les Japonais ont une grande passion dans la vie : se saouler la gueule. L’autre matin, le client avec qui j’avais rendez vous a commencé par s’excuser de son état piteux rapport qu’il avait pris une mega retournée la veille au soir (ici on dit « heavy drinking »). Comme partout dans le monde le samedi soir (mais aussi n’importe quel autre soir) ne saurait se concevoir sans une bonne biture.
Les conséquences de ce penchant éthylique sont parfois inattendues : j’ai été réveillé à 5 heures ce matin par un japonais ivre mort au téléphone qui bredouilé un vague "ai ai" (oui oui en japonais) avant que je raccroche. A peine rendormi rebelote, coup de fil d’un second japonais ivre mort lui aussi mais possédant quelques notions d’anglais. Suit d’un raccrochage très agacé de ma part Moi : I just had two weird phonecalls, can you make sure I don’t get any more calls Je comprends alors que ma question va bien au-delà des douze questions standards que cet employé a du apprendre par cœur dans sa formation et que cette conversation risque d’être tres longue sans pour autant avancer d’un pouce, je finis donc par baisser les bras et je raccroche avant de simplement débrancher le fil du téléphone sans attendre le troisième poivrot imbibé de saké qui aura cette idée géniale de composer au hasard le numéro de ma piaule.
Lui : You
Moi : Encore plus enervé : No way !
Lui : Adios
Je me décide ensuite à appeler le bureau de devant (front desk) afin qu’ils fassent quelque chose pour éviter de me faire réveiller toutes les 5 minutes par un japonais tout saoul et là je me suis encore une fois heurté vivement à cette putain de barrière.
Lui : you want morning call ? What time ?
Moi : No I had stupid calls and I want it to stop
Lui : So you already set up morning call and you want cancel ?