L’autre jour en pleine réunion j’ai appris un nouveau mot, c’est arrivé par hasard, le mot anacoluthe.
Quand on est petit, apprendre un nouveau mot est un truc qui arrive presque tous les jours et qui, à chaque fois, suscite un certain émerveillement. On ne se lasse alors pas de répéter ce nouveau mot ami. C’est par exemple le cas vers l’age de trois ans quand on découvre le mot caca boudin.
Découvrir un nouveau mot à l’age adulte est un plaisir plus rare qu’il convient de savourer. Ainsi mes collègues de travail (qui ne connaissaient pas ce mot non plus) et moi-même avons à ce moment là marqué une pause dans la réunion et pris le temps d'esquisser un sourire gourmand.
Il se trouve qu’il y a deux catégories de mots que j’apprécie tout particulièrement : les figures de rhétoriques, qui sont aux mots ce que le chat angora est au chat, comme épanadiplose ou autonomase et puis les mots périmés, ceux qui sentent bon la naphtaline et nos grands-mères comme par exemple suranné, fifrelin, potron-minet ou bulgomme dont je m’efforce parfois de saupoudrer ma conversation.
Ce qui est drôlement chouette, c’est que le mot anacoluthe, comme le mot apophtegme, peuvent rentrer dans ces deux catégories mais aussi qu’ils font parties des insultes préférées du capitaine Haddock.
Il y a des jours, où on ne regrette pas de passer ses journées en réunion.
Jil Caplan - Les mots