J’aime arriver exagérément tôt dans les aéroports et prendre le temps de regarder vivre ces endroits là.
J’aime ces couples de jeunes retraités un peu perdus qui prennent un long courrier pour la première fois et qui s’engueulent car ils ne trouvent pas la banque d’enregistrement. Ils traînent d’énormes valises à la poignée décorée d’un chouchou, remplies c’est certain de chemises à fleurs improbables. Après une vie de labeur ils ont décidé de profiter de leur retraite et de claquer leur pension dans des hôtels confortables et tropicaux.
J’aime me poser sur une table, au salon et entamer l’écriture d’un billet aéroportuaire en grignottant des galettes au beurre de la mère Poulard.
J’aime observer ces hommes d’affaire pressés et bedonnant suspendus à leur portable qui achèvent de donner leurs consignes à des secrétaires acariatres qui les écoutent d’un air distrait en se faisant les ongles avant d’aller faire les soldes avec les copines tout l’après-midi.
J’aime ces enfants avec leur grosse étiquette autour du cou et leur regard qui hésite entre l’excitation à l’idée de s’envoler et la tristesse d’être livrés à eux même et la délicatesse extrême avec laquelle les hôtesses les prennent par la main pour les emmener dans l'avion.
J’aime le moment de l’embarquement, comme un point de non retour, et aussi quand la petite machine qui raccourcit la carte d'embarquement se met à sonner pour annoncer que l’on va certainement voler au dessus de ses moyens et pendant quelques heures se vautrer hors du temps dans le luxe feutré d'une classe supérieure à celle de son rang.
Etienne Daho - Cirrus Minor
PS : La chanson n'a a priori pas de rapport avec le billet mais je la trouve sublime et il se trouve qu'elle va bien avec ce moment là.