C’est inouï cette faculté qu’ont les chaussettes d’une même paire de se placer systématiquement loin l’une de l’autre dans le panier à linge.
Quand on y pense, ce phénomène est même assez inquiétant : si on considère que le lave-linge opère un mélange aléatoire quasi parfait, il devrait y avoir à peu près autant de chance de retrouver le deux chaussettes à coté l’une de l’autre que chacune à un bout du panier. Pourtant je n’ai pourtant jamais pu observer la proximité de deux chaussettes soeurs dans ce fichu panier.
De la même façon, lorsqu’on enregistre deux bagages en même temps à l’aéroport, ceux-ci n’apparaissent jamais au même moment sur le tapis roulant. C’est alors encore plus effrayant dans la mesure où il n’y a pas, dans ce cas là, d’action de mélange délibéré.
Ces deux phénomènes illustrent les lois de la thermodynamique qui indiquent que le monde laissé à lui-même préfère évoluer dans le sens du désordre le plus grand.
Ca serait pourtant chouette de vivre dans un monde inversé, un monde ou tout évoluerait spontanément vers l’ordre.
Dans un monde comme ça, les cartes routières se replieraient du premier coup.
Dans un monde comme ça, dans le métro le matin, il suffirait de secouer un peu le fil de l’écouteur de l’ipod pour que les nœuds se défassent.
Dans un monde comme ça, les cartes à jouer se remettraient dans l’ordre quand on les battrait, et on retrouverait instantanément ses chaussettes déjà pliées dans le panier à linge.
Brigitte Fontaine & Areski - C'est normal