Je me demande si le tout premier feu d’artifice de l’histoire de l’humanité a été un truc volontaire ou bien la conséquence colorée (bien que sans doute funeste) de l’écrasement nocturne approximatif d’une cigarette par un officier assouvissant en cachette une certaine tendance au tabagisme dans les allées d’une poudrière royale.
Le feu d’artifice est le seul exemple qui me vient à l’idée de l’utilisation d’une technologie militaire spectaculaire à des fins (artistiques) de divertissement. Curieusement ce phénomène assez étonnant de transfert de technologie ne s’est pas reproduit après l’invention de la bombe atomique. On imaginerait assez aisément pourtant, la commémoration de la fête nationale Nord Coréenne : le ciel de Pyongyang egayé de jolis champignons de toutes les couleurs et la foule s’esbaudir « ah le joli cèpe ! » « ah la belle girolle ! ».
Justement je n’ai jamais vraiment compris pourquoi les gens, pendant les feux d’artifices braillent des « oh la belle bleue ». Il est peu probable que cette indication quant à la couleur de la fusée soit destinée aux personnes non voyantes de l’assemblée donc ça ne sert à rien et c'est très énervant. Par certains cotés ça me rappelle un peu ma grand-mère qui avait pour habitude de commenter les films devant la télé (bah dis donc, t’as vu ce qu’il lui met au méchant.)
Le feu d’artifice a toujours ses codes, ses rituels : les gens qui sont arrivés très tôt avec la glacière et le pliant pour être sur d’avoir une bonne place, les rabat-joie qui dès la deuxième fusée lancent à leur progéniture « ça y est c’est le bouquet final » comme pour leur rappeler que les choses agréables se terminent toujours un peu plus tôt qu'on le voudrait, et puis les ronchons qui, une fois que la dernière fusée a été tirée, font remarquer que quand même celui de l’an dernier était mieux.
Pour ma part j’adore les feux d’artifice, je suis à chaque fois émerveillé comme si c’était le premier. J’aime ce bruit exagérément puissant, cette impression que le ciel va nous tomber sur la tête.
Si j’étais artificier, je crois que je commencerais toujours par le bouquet final, et que dans mon laboratoire, je mettrais au point des fusées de couleurs qui n’existent pas qui laisseraient les gens bouche bée.