24 juillet 2006
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La décharge d’adrénaline est un truc qui a été inventé il y a fort longtemps afin que l’homme des cavernes puisse courir plus vite la minute après celle de sa rencontre avec le lion des cavernes.
Depuis que l’homme a inventé la bombe atomique, il est beaucoup moins sensible aux attaques du lion des cavernes, mais ce mécanisme inscrit au fond de nos gènes continue de se déclencher dans des situations le plus souvent anodines, ne menaçant nullement notre survie immédiate :
- A la gare, au moment de l’achat d’un ticket de train quand il y a plein de monde, que le train lui partira dans quatre minutes alors que (comme dans les films) les aiguilles de la grande horloge de la salle des pas perdus tournent dans un mouvement que l’on pourrait qualifier de ralenti accéléré, si l’on aimait bien (ce qui est mon cas) associer des mots qui s’opposent en oxymores absolus d’une parfaite pertinence, tout en se perdant en digressions rhétoriques inutiles (comme par exemple souligner le fait qu’on trouvera un peu plus haut dans cette phrase un chiasme de très bonne facture) alors même qu’il ne s’agit nullement du sujet de ce billet. Pendant cette attente insupportable on pestera sur la lenteur maladive de ces gens qui prennent un malin plaisir à demander quatre fois au guichetier si pour aller à Perigueux il vaut mieux prendre un billet découverte séjour ou bien partir une journée plus tard et profiter ainsi du tarif couple seulement disponible pour un départ en période bleue, avant de se décider de partir en voiture finalement. Un peu plus tard, comme aura pas eu le temps d’attendre la fin de ce comparatif ferroviaire on se retrouvera dans le train sans réservation, on choisira un fauteuil au hasard et on sera de nouveau soumis à ces petites poussées d’adrénaline au moment ou s’approchera un passager ennemi disposant possiblement d’une réservation en bonne et due forme pour le fauteuil sur lequel on s'est indument assis.
- Chez Quick, un quart d’heure après qu’on vous ait promis de vous amener à votre place un Giant espéré (momentanément en rupture de stock) et que dépité vous ne voyez rien venir. Panique totale au moment où les regard inquiets que vous jetez à la caisse semblent vous indiquer que la caissière qui vous a fait la promesse d’un service personnalisé paraît avoir terminé son service.
- Chez le boulanger, quand il ne reste qu’une baguette et qu’il y a trois personnes avant vous. Stress voisin de celui que l’on ressent à la cantine lorsque l’on aperçoit tout au bout de la chaîne du self qu’il ne reste plus qu’une mousse au chocolat et que l'on craint de n'être pas le seul dans la file à avoir envie d'une mousse au chocolat.
- Dans une réunion, quand la conversation arrive par hasard sur un sujet que vous ne maîtrisez pas, au moment où vous sentez que quelqu’un peut vous demander votre avis.
Ces petites agressions du monde extérieur produisent les mêmes réactions que la fréquentation du lion des cavernes : accélération du cœur, transpiration, bouffées de chaleur. Toutes ce petites choses qui permetteraient à notre organisme de se mettre à courir vite, très vite, ce qui quand on y réfléchit deux minutes ne sert à rien car la fuite à grandes enjambées a rarement provoqué l'apparition d'un Giant.
Published by Nanaimo
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