10 avril 2006
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Ce matin, un forte envie de ne pas aller travailler m’a conduit à m’accorder dix minutes de sommeil en plus.
Au début gratter dix minutes de sommeil c’est relativement simple : deux petites baffes au réveil et on n’en parle plus. Après, tout se déroule de la même façon que lorsqu’on se lève à l’heure normale jusqu'au moment où on arrive dans le métro. En effet dix minutes, c’est à peu près le temps qu’il faut pour passer d’une situation métropolitaine quand même chargée (la ligne 1 à 8h20) à une situation métropolitaine extrêmement chargée (la même ligne 1 à 08h30).
Arrivé sur le quai, on se rend assez vite compte que la demi-heure qui vient ne va pas être très drôle (en plus on est lundi). Une fois dans le wagon on regretterait presque ces dix minutes insouciantes de pur bonheur volées au Grand Capital bien au chaud sous la couette en plume d’oie.
Vu l’heure, il n’est même pas la peine d’imaginer arriver à se faufiler vers ces places idéale où l'on peut s'adosser contre les gros joints en caoutchouc entre les wagons et lire le journal peinard. Il faut rapidement se rendre à l’évidence : on fera le voyage contre le porte, à la mauvaise place.
On se rappelle alors les mauvaises places de son passé : ce fauteuil du milieu d’une rangée de cinq dans un 747 bondé, cette place au théâtre juste derrière un poteau à laquelle on ne peut pas étendre les jambes, cet emplacement de camping tout près de la fausse septique, ce fauteuil au cinéma parfait jusqu’à l’instant où vient s’asseoir Gulliver sur le fauteuil aligné du rang de devant.
On s'installe donc tant bien que mal dans ce coin du métro qui n’en est pas un, là où l’on ne peut se rattraper à rien en cas de coup de frein, là où l’on est obligé de descendre à chaque station pour laisser passer les gens qui sortent, là où l’on a du mal a retrouver son bout de mètre carré en remontant parce que les gens qui étaient sur le quai se foutent que vous étiez avant eux dans le wagon et se dépêchent de se faufiler dans les coins les plus confortables (contre les strapontins) vous abandonnant à votre mauvaise place, celle ou il n’est même pas la peine d’imaginer ouvrir le journal ou prendre un quelconque appui.
Cette place que personne ne vous envie et à laquelle vous vous dites que deux heures de sommeil en plus auraient pu vous éviter de vous retrouver dans cette situation inconfortable.
Published by Nanaimo
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dans
Paris