5 avril 2006
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Je me suis toujours demandé ce qui poussait la boulangère à systématiquement glousser l’interrogation « tranché ? » à chaque fois que vous achetez un modèle de pain dont la forme se prête relativement bien au tranchage. Pour moi, il suffirait d’attendre que les clients qui ont envie d’avoir leur pain tranché le demandent, il n’y a pas besoin d’harceler tout le monde avec cette interrogation agaçante limite obsessionnelle.
Dans la mesure où le tranchage du pain est souvent facturé quelques centimes d’euros, il est possible que les employées de boulangerie soient commissionnées selon leur capacité à refourguer du tranchage et donc tentent par la suggestion de manipuler le client vers une plus forte marge.
De la même façon que le métier de garçon boucher semble être plutôt réservé à une population masculine, le boulot de vendeuse en boulangerie est lui plutôt féminin. Sauf peut être chez Paul qui semble embaucher aussi des hommes dans cette fonction. J’aime bien le pain de chez Paul, par contre sans méchanceté aucune (en fait si, avec de la méchanceté un peu) j’ai vraiment l’impression que le recrutement chez Paul se fait souvent sur deux critères : la lenteur et le manque d’expression du regard. Manque d’expression qui atteint son sommet lorsque votre addition atteint 6€85 et que vous tendez alors un billet de 20 € et 1 € 85 en pièces. En quelques secondes, vous pouvez alors lire dans le regard de la vendeuse : l’étonnement (il est con ce client il me donne trop), le mépris (5 euros ça suffirait pourquoi il me donne des pièces ?) puis l’étonnement de nouveau lorsque la caisse enregistreuse indique que la somme à vous rendre est un chiffre rond et parfait (en l’occurrence 15 €) et enfin ce regard vide mais admiratif qui vous donne l’impression d’être dieu alors que votre seul mérite a été d’effectuer une opération de calcul mental plus vite que votre adversaire.
Il y a un truc qui m’énerve au plus haut point chez le boulanger (dans les autres commerces aussi mais il faut reconnaître que ça arrive souvent chez le boulanger) c’est cette manie à rendre la monnaie de votre billet de 20 €uros en vous mettant le billet de 10 €uros dans la main, puis à mettre les pièces au dessus du billet. A-t-on jamais vu quelqu’un ranger ensuite son argent dans sa poche en confectionnant une aumônière avec le billet et les piécettes à l’intérieur ? Il faudrait que je trouve un peu de temps pour écrire au syndicat interprofessionnel des boulangers pour leur dire d’arrêter ça (et le truc du tranché aussi).
Paul a construit sa fortune sur une idée simple, vendre du bon pain industriel en faisant croire à tout le monde qu’il est fait de manière artisanale et ça marche car il y a longtemps que les boulangeries traditionnelles ont oublié de faire du bon pain. La baguette n’est plus ce qu’elle était ma bonne dame. La baguette de base est la plus mauvaise possible pour pouvoir vendre la tradition, la campaillotte ou toute autre baguette au nom fleuri jusque 1€60. Faire du très mauvais pas cher pour mieux vendre le bon très cher, voilà un bon vieux truc de marketing toujours efficace.
C’est un peu comme ces bars ou l’eau de la carafe d’eau a un goût immonde. Je n’imagine pas un minute que l’eau puisse avoir naturellement un goût pareil au sortir du robinet. Je pense que les cafetiers se procurent des petits fioles d’un produit dont une goutte versée discrètement dans la carafe d’eau au dernier moment leur confère un goût ignoble qui permettra de doper les ventes d’eau minérale.
Published by Nanaimo
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dans
Humeur