20 février 2006
1
20
/02
/février
/2006
07:42
Je n'ai jamais beaucoup aimé cette familiarité qui s'installe avec les commerçants à partir du moment ou vous vous rendez suffisamment souvent chez eux pour que ceux ci vous considèrent avec bienveillance comme un habitué.
Quand on y pense, c'est assez incroyable tout ce que, mine de rien, les commerçants de votre quartier savent de vous. S'ils décidaient de mettre en commun ces informations à la prochaine réunion de l'amicale des commerçants de votre quartier, ils n'auraient aucun mal à reconstituer ensemble le grand puzzle de votre vie avec un dégré d'intimité absolu.
Votre banquier sait à peu près à tout moment, dans quel pays vous vous trouvez, dans quel hôtel vous dormez. Il sait tout de ce que vous faites de votre argent.
Votre boulangère est au courant de vos aventures avant même votre meilleur ami : on ne passe pas de "une demi-baguette s'il vous plait madame" à "une baguette entière, deux croissants et deux pains au chocolat" un samedi matin un peu avant midi avec des cernes de pandas sans éveiller les soupçons sentimentaux de la dite boulangère qui ne manquera pas de vous lancer un sourire complice.
Votre teinturière connaît la marque de votre parfum, elle connaît votre odeur, elle sait que vous avez mangé des spaghettis à la sauce tomate le jour ou vous aviez mis votre belle chemise blanche. Telle une épouse jalouse, elle trouvera ce cheveu qui n'est pas le votre sur votre veste. Je me rappelle une teinturière un peu possessive que je faisais voyager à l'énumération de mes destinations. Un jour je l'avais fait rêver d'exotisme en ramenant des Indes* une magnifique tache de bave d'éléphant sur mon costume gris.
C'est parfois un peu compliqué à gérer cette familiarité là, par exemple quand après avoir terminé les croissants vous passez par hasard ensemble à la pharmacie pour acheter du shampoing parcequ'il n'y a plus de shampoing et que la pharmacienne vous demande si vous avez été content de la pommade qu'elle vous a conseillée la semaine dernière pour votre problème d'eczéma génital.
* J'aime bien dire les Indes, comme j'aime bien dire les Amériques ça a un coté voyage avec un grand V d'une époque où les voyages transcontinentaux avaient plus de panache qu'aujourd'hui
Published by Nanaimo
-
dans
Humeur