Je me suis souvent demandé à quoi ressemblerait notre vie si la terre avait décidé de tourner dans le sens inverse de son sens de rotation actuel. Il y aurait bien sur des conséquences sur le temps : tout serait à l'envers, les montres tourneraient probablement dans le sens inverse des aiguilles d'une montre et le Japon verrait le jour se lever après tout le monde sur la planète. Mais est-ce que pour autant les habitants du pays du soleil couchant se mettraient à porter des chemises à fleurs comme le font les californiens ?
La force de Coriolis serait inversée. Cela ne bouleverserait pas nos existences mais les éviers se videraient à l'envers ce qui serait assez déstabilisant.
De façon générale, je me suis souvent demandé pourquoi dans notre monde les miroirs inversent la droite et la gauche, et jamais le haut avec le bas ? Pourquoi la grande majorité des êtres vivants possèdent un axe de symétrie longitudinale (symétrie pourtant très imparfaite) et pas dans l'autre sens (je dois avouer que je n'arrive pas à retrouver l'adjectif opposé à longitudinal).
Au delà de ce constat, existe t-il des mondes dans lesquel les miroirs auraient fait le choix d'inverser le haut et le bas et où les êtres vivants auraient tous un axe de symetrie transverse ? Voilà c'est ça, le contraire de longitudinal c'est transverse.
Ce qui est sûr c'est que dans un monde comme ça, ça ne doit pas être très simple pour se raser le matin.
Peut être que dans ce monde d'ailleurs, il y a type qui est en train de terminer d'écrire un billet avec les doigts d'une main et d'un pied, en se demandant pourquoi diable dans son monde, les miroirs inversent le haut et le bas et pas le contraire.
Il est toujours un peu angoissant de voir veillir les chanteurs qui ont marqué notre adolescence et réaliser par exemple que Jean-Jacques Goldman a fété ses 55 ans, qu'Etienne Daho a compté 51 bougies sur son dernier gâteau d'anniversaire ou bien que Jordy sera en âge d'aller voter aux prochaines élections présidentielles (encore que l'emploi de l'expression "marqué notre adolescence" dans le cas de Jordy est peut être un peu exagéré).
En fait on aurait envie que, comme pour Tintin, le temps n'ait pas d'emprise sur les artisans de la bande originale de notre vie.
L'étonnement est encore plus fort pour ceux que l'on ne voit pas vieillir et qui réapparaissent par accident. C'est le cas par exemple de Dorothée, recemment venue partager le canapé de Drucker avec Chantal Goya dont je n'ose même pas aller chercher la date de naissance dans wikipedia.
En fait la seule solution pour un artiste de ne jamais donner cette impression là, c'est de mourir jeune : personne n'a jamais dit de Marylin Monroe ou de James Dean qu'il vieillissaient mal.
Mais dans ce cas, pour que la légende reste intacte, il faut aussi prendre soin de faire disparaître son entourage. C'est la conclusion à laquelle je suis arrivé en regardant un reportage sur la vie dissolue de l'acteur rebelle dans lequel était interviewé un ancien petit copain de l'acteur. L'ex-amant, septuagénaire et sans doute incontinent, répondait aux questions du journaliste dans une chemise à fleur improbable que seuls sont capables de porter les retraités américains residant en floride.
Je dois dire que cette expérience télévisuelle a quelque peu écorné l'image de bogosse absolu que j'avais jusqu'alors de l'acteur.
Michel Delpech & Alain Souchon - Quand j'étais chanteur
Et si un jour mon nouveau travail et mon agenda de pétasse que j'ai ne me laissaient pas assez de temps pour rédiger un billet ?
Alors je crois bien que je choisirai le premier sujet insignifiant qui me tomberait sous la main, ou bien même pas de sujet du tout.
Après je prendrai soin de construire des phrases interminables dont le seul but sera de faire oublier le manque de préparation d'un billet absolu dans lequel l'emploi excessif d'adjectifs opportuns donnera l'impression d'une construction méthodique.
Peut être même que je ferais en sorte d'employer par hasard un conditionnel présent au milieu des futurs simple (et aussi d'oublier au passage un pluriel) afin de semer un doute grammatical dans l'esprit des lecteurs, les poussant à tenter de retrouver leur bon vieux Bled aux confins de la bibliothèque au lieu de s'interroger sur le fond de ce billet.
Ensuite j'illustrerai à moindre effort à l'aide d'une photo sans doute déjà publiée ici (je ne prendrai même pas le temps de vérifier), spéculant sur le fait que personne ne s'en rappellera suffisament pour être déçu.
Il ne restera plus alors qu'à ajouter un morceau de musique dont on aura l'impression qu'il s'accorde à l'image, masquant ainsi un manque de travail certain par l'évocation d'une nostalgie facile.
Après il sera déjà tard et j'irai me coucher, non sans promettre de consacrer bientôt davantage de temps à l'écriture d'un nouveau billet, provoquant ainsi chez le lecteur le début d'une attente insupportable.
Il nous est tous arrivé (et à moi encore hier), de nous retrouver dans un métro bondé et immobile, refusant d’avancer vers la station suivante au motif de la présence d’un voyageur malade sur le quai. Et je me suis a chaque fois demandé en quoi un voyageur malade sur le quai de la station d'après pouvait être une justification de l’immobilité d’une rame de métro à la station d'avant.
De la même façon dans les aéroports, je suis à chaque fois étonné que l’arrivée tardive de l’appareil puisse constituer une excuse valable au retard de l'avion qu'on attend.
Finalement c’est un peu comme si on arrivait à la bourre au boulot à cause d’une panne d’oreiller et qu’on se justifait d’un "Excusez moi hein, mais je suis en retard parce que je suis parti tard de chez moi, vous voyez je ne suis pas responsable, je n’y suis pour rien" Ceci étant dit ce type d’excuse foireuse peut se révéler fort utile dans le travail. Si l'on est très en retard dans la publication d'un rapport, on pourra se réfugier derrière un moderne : "Je te l'ai envoyé par mail, tu ne l'as pas reçu ? Ah oui il me semble avoir reçu un message qui me disait que ta boite mail était pleine" qui a remplacé le "Il est à la frappe" maintenant démodé mais qui a fait ses preuves pendant des années.
Et puis si l’on est vraiment coincé il y toujours le "Vous ne m’avez pas relancé, je pensais que vous n’en aviez plus besoin", imparable.
L'autre jour, en allumant la télé, je suis tombé sur une émission dont le concept était de dévoiler les secrets des tours de magie les plus connus. Etant moi même apprenti magicien, je ne peux que m'inscire en faux contre un tel procédé qui bafoue toutes les règles déontologiques du métier et surtout ne sert à rien.
La plupart du temps, une fois que l'on sait comment fonctionne un tour de magie, on le trouve idiot, on se demande même comment il a pu produire le moindre effet. Le seul intérêt de perdre son émerveillement pour un tour est de pouvoir le générer chez les autres. Savoir pour savoir n'a aucun interêt.
Je crois qu'il existe deux grandes catégories de spectateurs ceux qui (comme moi) se laissent émerveiller sans même tellement vouloir comprendre comment le lapin a bien pu se glisser dans le chapeau, et ceux qui veulent à tout prix comprendre, ceux qui ne vous lachent pas du regard une seconde, qui refusent même de choisir une carte car, ils le savent, à un moment donné vous allez faire un truc louche et ils ne veulent absolument pas vous en donner l'occasion. Une étude statistique que j'ai effectuée montre que les gens qui appartiennnent à la première catégorie (les rêveurs) ont plutôt tendance, quand ils mangent de la purée, à faire un petit volcan dans lequel ils mettent la sauce. Les autres (les cartésiens) préfèrent dessiner des rayures bien parallèles dans l'assiette de purée, mais ça n'a peut être rien à voir.
Dans le métro à Paris, on est parfois surpris de reconnaître une tête connue. Pourtant, on part à peu près toujours à la même heure, on empreinte à peu près toujours le même itinéraire et ça doit être pareil pour les autres, alors ce qui est vraiment étonnant c'est que l'on ne croise pas beaucoup plus souvent des visages familiers.
Un phénomène voisin semble se produire à la Fnac. Je vais beaucoup à la Fnac, souvent à la Fnac Saint-Lazare mais jamais je n’ai reconnu une caissière. Est ce que les emplois à la Fnac sont très très précaires ou bien alors, est ce que tous ces gens (comme ceux du métro) sont des comédiens payés à la journée pour faire de la figuration dans ma vie ?
Pour revenir aux transports en commun, je suis toujours amusé par le phénomène de fraternisation observé dans les trains de lointaine banlieue. Rien n'est plus étonnant que le rapprochement de ces âmes dont le seul point commun est de faire le même trajet, dans le même wagon, le même matin.
Mais alors combien de temps faut il pour en arriver là ? Entre de parfaits étrangers, combien de voyages avant un simple regard, avant un timide hochement de tête ? Combien d’autres avant un sourire ? Combien de mois, avant de sortir le saucisson, le rouge et un jeu de belote ? Combien de trajets avant de posséder le siège, avant d’allumer ensemble les bougies du gâteau d’anniversaire de Jocelyne ?
Pour certains ce processus est beaucoup plus rapide que pour d’autres. Nous nous sommes tous retrouvés un jour face à cette secrétaire ménopausée, que l'on vient de vous présenter, et qui la minute d’après vous expose l’intégralité de ses différents avec son chef ou ce nouveau collègue que l’on ne connaissait pas il y a un quart d'heure et qui déjà vous raconte sa vie et vous explique qu’il a mal à sa couille, qu'il n'arrive plus à bander et que ça commence à peser sur son couple.
Hier matin, quand je suis monté dans le métro à la station Villiers, il y avait un aveugle et son chien, assis sur un strapontin (l'aveugle, pas le chien...). Le chien etait allongé par terre, regardait défiler les stations qui le séparaient de sa correspondance en haletant comme savent le faire les chiens. L'aveugle, lui, caressait doucement le chien. Je trouve qu'il n'y a pas grand chose de plus beau et de desinteressé que la relation qu'il peut y avoir entre un aveugle et son chien.
C'est marrant ce goût qu'ont les chiens pour les caresses. Je me demande comment ça lui est venu au chien ce truc là, car quand on y pense deux minutes, les chiens entre eux ont moyennement les capacités physiologiques de se faire des caresses. Il a fallu à un moment donné, qu'un chien se rapproche d'un homme (ou bien le contraire) et que cet homme ait l'idée d'avancer doucement sa main vers le dos du chien dans la promesse d'une caresse.
Bien sur avant que cette belle rencontre puisse avoir lieu il y a du y avoir quelques echecs, comme par exemple lorsque l'homme a eu l'idée d'expérimenter la caresse avec le lion des cavernes. Aujourd'hui encore, on déplore de temps en temps quelques expérimentations tactiles malheureuses entre espèces incompatibles, comme par exemple (à peu près chaque été au Canada) entre l'ours brun et le campeur (voir ce lien vers un site tout à fait officiel des autorités canadiennes sur le sujet qui me fait hurler de rire).
Les raisons du rapprochement entre espèces resteront donc mystèrieuses : le chat a domestiqué l'homme, l'homme a domestiqué le chien alors qu'il aurait aussi bien pu domestiquer la blatte. Il n'en a rien fait et finalement c'est tant mieux car une blatte d'aveugle hier matin dans le métro à la station Villiers m'aurait beaucoup moins ému que ce labrador.
Tout est calme, le jour de l’an, autant le 31 Décembre, c’est la fête, c’est psychédélique, autant le premier Janvier c’est calme.
Tous les 31 décembre, on se lève avec une drôle d’impression, et cette certitude que quelque chose d’étrange va se produire. C’est un peu le même sentiment que lorsqu'approche une éclipse, une tempête. On se prépare pour une transition insignifiante semblable à celle que l'on ressent quand vient la fin de l’été sur la plage.
Le 31 décembre, la fièvre du nouvel an est partout : dans les miroirs chinois, dans le bleu des photos, dans le regard d'un chat, dans les ailes d'un oiseau, dans la force d'un arbre, dans la couleur de l'eau.
Une année qui se termine, c’est un peu comme un amour qui s’arrête, c’est angoissant, mais par chance, souvent la mort d'un amour donne la vie à un autre (y'a déjà moins de soucis à se faire)
Si Noël est le plus souvent un événement familial, le 31 (comme on l’appelle ici) est le rendez vous entre copains. Oh oui ! parlons-en des copains, parlons de ce canapé dont on sent chaque ressort et sur lequel on improvise un couchage de fortune un fois le dernier métro évaporé.
Une des figures imposées du réveillon du 31 est la soirée déguisée (Dracula, Casanova, c'est un vrai plaisir de respecter les coutumes) avec toujours cette petite angoisse au moment où l’on sonne à la porte d’avoir été le seul à suivre le mot d’ordre de déguisement, sentiment analogue à celui que l’on a ressenti tout à l’heure en hélant timidement un taxi sous les regards goguenards des passants qui ont trouvé ce déguisement en carotte particulièrement réussi.
Ce qui est rigolo dans les fêtes du 31, c’est qu'il y a toujours ce garçon ivre mort qui passe sa soirée à faire des déclarations à toutes les filles qu'il croise. C'est par exemple le cas lorsqu'il se dirige en titubant vers la cuisine à la recherche d’une improbable bouteille de Moët et Chandon qui aurait échappé à la fatwa collective du jour. La fille croisée lui sourit gentiment et lui dit : "Il n'y a plus de champagne je crois". Lui il répond: "Qu'est ce que t'es belle quand tu dis, tu dis je crois. Est ce que tu veux bien te marier avec moi ? Je t'aimerai si fort que tu seras la plus belle, je graverai ton nom avec le feu du soleil, je tracerai des cercles autour de toi dans la nuit, pour éloigner le mal et les démons de la vie. Quelques coupes plus tard, encore un peu plus saoul, il croisera une autre fille et lui avouera : "J'ai besoin de tendresse, j'ai tellement de problèmes, donne-moi ton adresse, je veux quelqu'un qui m'aime."
On rentrera chez soi au petit matin, la mine défaite, on croisera dans le métro d’autres gens la mine défaite qui promènent eux aussi leur sac de couchage Décathlon, on s’amusera de voir ce couple fraîchement formé se tenant la main à l'aube sur le pont des Arts, il lui dira : "Regarde, le jour se lève, dans la tendresse sur la ville, tu vois le jour, c'est à l'amour qu'il ressemble."
Et finalement après quelques années, on recherchera des rassemblement plus simples, peut être plus calmes aussi.
Parce que le temps qui court, court, change les plaisirs.
U2 - New Year's Day
Etienne Daho - Epaule tattoo
Laurent Voulzy - Derniers baisers
Jean Pierre François - Je te survivrai
Jackie Quartz - Mise au point
La Compagnie Créole - Le bal masqué
Marc Lavoine & Catherine Ringer - Qu'est ce que t'es belle
François Feldman - Rien que pour toi
Ottawan - T'es Ok, t'es bath, t'es in
Peter et sloane - besoin de rien envie de toi
Alain Chamfort - le temps qui court
Voilà sinon Bonne Année, maintenant je vais ranger mes 45 tours.
J'ai un petit faible pour le Champagne. Déjà au départ une bouteille de Champagne c'est beau, c'est rigolo . Et puis une fois la bouteille terminée, tout est beau, tout est rigolo.
J'aime bien le cérémonial aussi : cette attention particulière à apporter à ce que la bouteille soit bien froide, ces douze épaisseurs de trucs à dépiauter avant d'atteindre le bouchon boule*. Cette impression de danger au moment où l'on a libéré la dernière goupille. Excitation semblable à celle que ressent James Bond (ou Jack Bauer) au moment où il s'apprète à sectionner le fil bleu (ou peut être le vert, le bleu ? le vert ? Dammit !) pour désamorcer la bombe et que tout peut exploser à chaque instant. Enfin, cette fierté de ne pas avoir perdu un oeil après le pop (au passage je deteste les rabat-la-joie qui font en sorte d'étouffer complètement ce bruit magique comme s'ils en avaient un peu honte...).
La possibilité d'ouvrir ce contenant en le brisant avec un sabre ou même une petite cuillère, selon que l'on a plus ou moins de matériel disponible et de panache, m'enthousiasme à chaque fois. Et puis quand on ouvre une bouteille de Champagne on peut à chaque fois vérifier que le monde est moins cruel après deux coupettes. Ce qui est clair, c'est que les producteurs de Champagne ont réussi là où les producteurs de Suze ont échoué : faire de cette boisson un truc festif. Bien sur la bouteille de Suze part avec un handicap. La bouteille n'est pas belle, on a pas vraiment besoin de la garder au frais (enfin je crois) et puis surtout le bouchon ne fait pas pop et on ne risque pas de perdre un oeil en l'ouvrant. En plus on a pas besoin de verre spécial pour la boire (si quelqu'un s'est fait offrir des coupes à Suze pour noël qu'il m'écrive ou plutôt non, qu'il ne m'écrive pas).
Il semblerait que le syndicat des producteurs de liqueur de Gentiane travaille sur un projet pour repositionner le produit sur le marché du festif, dont une des composantes serait de fixer un petit grelot sur le bouchon des bouteilles de Suze.
Ce blog a environ un an. Je dis environ un an, car comme pour le Christ je ne suis pas bien certain de la date exacte de sa naissance. Quand on y pense c’est embêtant de n’être pas bien sur pour le Christ car s’il faut le bon moment pour les cadeaux, c’est pâques et du coup ça serait une sacré tuile pour le père noël parce que le traîneau à Pâques, c’est pas facile, mais passons tel n’est pas le sujet de ce post.
PS / C’est La honte mais a mon grand désespoir je n’ai pas réussi à caser les titres des 140 billets précédent celui-ci. Pour certains, ça n’a pas été du Gateau, un vrai Pensum, pour d’autres il était carrément impossible de trouver La bonne place (même Harry Potter aurait eu du mal). J’ai donc préféré ne pas les faire figurer ici plutôt que de les caser au forceps à La mauvaise place limitant ainsi la portée de ce Métapost.