Certains comme Napoléon, Marie Curie ou Albert Einstein ont laissé une trace dans l’histoire en leur nom propre. D’autres, peut-être moins brillants ou moins pistonnés ont dû hypothéquer une partie de leur notoriété à travers l’accolage d’un patronyme étranger au leur dans une même trace.
Ainsi Roux et Combalusier, Igor et Grichka Bogdanoff, Lagarde et Michard, Tourte et Petitin*, Jean Philippe Audin et Diégo Modena ont-ils été condamnés à partager à jamais leur notoriété.
On note au passage qu’en général l’ordre des noms est fixe et qu’il ne viendrait à personne l’idée de les inverser.
Mais au fait selon quelle règle s’attribue la première place, celle dont tout le monde se souvient ? Est-ce que celui dont le nom vient en second et est souvent remplacé par "machin" dans les conversations est celui qui a été le moins méritant dans l'élaboration de l’œuvre collective ?
Et puis quand on se fâche, ça doit être pénible à force de ne pas pouvoir se défaire du nom de l’autre.
La notoriété bicéphale, permet par contre aisément de se faire passer pour l’autre quand on est reconnu, ce qui est toujours distrayant, je pense.
Stone et Charden - Le prix des alumettes
* Les lecteurs les plus attentifs s’interrogeront sur la raison pour laquelle je fais, pour la seconde fois ici, référence aux Etablissements Tourte et Petitin. Certains y verront peut être l’expression d’une névrose monomaniaque rampante mais il n'en est rien. En fait, je me suis simplement aperçu que le référencement de l’expression "Tourte et Petitin" dans les moteurs de recherche génère un traffic impressionnant. De façon surprenante ce n'est par contre pas le cas de l’expression "Harry Potter nu" sournoisement glissée dans un billet récent dont j’espérais secrètement qu’elle générât un traffic plus important encore.
Force est de constater l’échec de ce dernier stratagème n’ayant d’autre but que celui de satisfaire mon égo par le harponnage malhonnête de quelques lecteurs supplémentaires.
J’ai en ce moment en pension Monsieur Chat. Monsieur Chat c’est le chat de Monsieur Type et de Mademoiselle Type. Ses maîtres sont partis chercher un peu de dépaysement, Monsieur Chat a quant à lui pris ses quartiers d’été dans la rue des Moines.
Ce qui est amusant avec les chats c’est qu’ils sont souvent prévisibles mais toujours surprenants.
Le premier jour, Monsieur Chat avait été drogué afin qu’il ne se rende pas trop compte de son enlèvement. Il est sorti de son panier les yeux exorbités avec une démarche de junky avant d’inspecter méthodiquement chaque recoin de l’appart avec une attirance certaine pour les endroits élevés et / ou inaccessible et / ou pleins de poussière et une nette préférence pour les recoins combinant ces trois caractéristiques.
Le deuxième jour, Monsieur Chat avait récupéré ses esprits mais affichait une certaine timidité qu’il a exprimé en passant la journée entière sous le meuble de la cuisine là où rien ni personne ne peut l’atteindre.
Depuis le troisième jour, Monsieur Chat a trouvé toutes ses marques : il a ses recoins préféré, ne marque plus de temps d’arrêt entre le sprint dans le salon et le bond vers le dessus du meuble de cuisine (celui qui est à 2.50 m du sol), ne boit l’eau que de l’eau qui s’écoule (en général il vous demande gentiment d’ouvrir le robinet) ou allume la radio d'un coup de patte à deux heures du matin.
Si ça continue comme ça, je pense que bientôt, il va faire changer la serrure de l’appart et mettre son nom sur la boite aux lettres.
L’autre jour, je me suis aperçu par hasard qu’une collègue de travail se faisait appeler par un prénom qui n’était pas celui de son état civil.
C’est toujours amusant de se rendre compte de ce genre de coquetterie inspirée du monde des artistes.
J’adorerais vivre dans un monde où la société entière aurait emprunté les codes du Music Hall.
Le choix d’un pseudonyme, occuperait les enfants dès la classe de CP et ne serait plus l’apanage de quelques stars. Arrivé dans une entreprise on vous présenterait un à un vos nouveaux collègues : "Je vous présente Ricky Bravo, notre chef des ventes, Lova Barclay notre DRH et puis Freddy Lamour notre chef comptable".
La pratique de la Hola serait généralisée dans toute situation d’attente. Ainsi la longue file devant la poste de l’avenue de Clichy ne serait plus que vague rythmée par des "ho-ho-ho-ho-ho".
Lorsqu’on se rendrait à l’hôpital pour une crise d’appendicite, on commencerait par vous soigner un tout petit bobo en guide de première partie avant de vous infliger un entracte d’une bonne vingtaine de minutes pendant lequel vous feriez la queue dans une atmosphère enfumée pour aller chercher des bières. A peine ouvert un œil en salle de réveil, on vous endormirait de nouveau pour vous faire une petite rhinoplastie en guise de rappel.
Parfois au travail, en plein milieu d’une présentation PowerPoint vous entendriez au loin la voix d’un collègue ami qui, peu après, ferait son apparition à coté de vous et finirait la présentation avec vous en vous tenant par l’épaule avant de redisparaître en coulisses.
A la fin de cette présentation, quelqu’un vous apporterait un bouquet de roses, et puis vous iriez dîner avec toute l’équipe dans un restaurant à la mode, dans lequel vous seriez bien sur invité, avant de regagner la suite d’un grand hôtel parisien que vous saccageriez avec quelques amis qui auraient, comme vous, abusé d’un champagne millésimé commandé par caisses entières au room service par une attachée de presse anorexique et cocaïnée.
J’ai déjà parlé ici des trucs qui servent à rien mais que l’on fait quand même, comme par exemple appuyer sur le bouton qui appelle l’ascenseur alors que quelqu’un vient de le faire, ou bien décorer l'assiette d'un steak avec une feuille de salade.
Ces actes inutiles ne poursuivant aucun but, ne produisant aucun effet, sont parfois l’expression d’une petite névrose, comme quand on range les billets de 20 euros tous dans le même sens dans le portefeuille.
Parfois ils sont même un peu grotesques comme quand on ponctue une téléconférence regroupant une dizaine de personnes de quelques "hum hum" approbateurs.
Je me suis aussi souvent demandé ce qui poussait à lancer un "au revoir Messieurs Dames" à des inconnus chez le charcutier une fois que l’on s’est emparé de son poulet rôti (celui que l'on transporte dans un sac indestructible avec des grosses taches de gras).
C'est sans doute le même instinct de sociabilité que celui qui nous incite à la fin d’une soirée (ou d’un mariage) à scrupuleusement saluer tous les inconnus à qui on a pas adressé la parole de la soirée (ou du mariage).
Bref nos vies sont pleines d’actes inutiles, comme par exemple illustrer ce billet avec une chanson des années 20 qui n’a aucun rapport avec icelui, mais que j’aime bien.
Je n’ai jamais trop compris pourquoi, mais l’être humain, contrairement au manchot empereur, a besoin de maintenir une certaine distance entre lui et ses congénères (exception faite de quelques cas particuliers le samedi soir au macumba club).
Que ça soit dans le métro, dans la rue, au cinéma ou face à un urinoir collectif, nous faisons tout pour maximiser la distance qu’il y a entre nous et les inconnus qui se trouvent au même endroit (exception faite de quelques cas particuliers le samedi soir au macumba club).
La pénétration d’un étranger dans cette bulle devient vite intolérable et entraîne immanquablement des comportements de fuite ou d’agressivité.
Je n’ai jamais trop compris pourquoi chez certaines personnes (notamment le samedi soir au macumba club mais pas seulement) ce mécanisme se dérègle. Du coup ces gens ont tendance à vous parler en positionnant leur visage à environ huit centimètres du votre, ce qui en aucun cas, ne permet de maintenir la distance nécessaire entre congénères.
Ce dérèglement les pousse parfois à partager avec vous les détails les plus intimes de leur vie alors même que vous les connaissez à peine, ce qui de façon surprenante n’arrive jamais chez les manchots empereur même lorsqu’ils sont très saouls, le samedi soir au macumba club.
J’ai retrouvé par hasard un stock de photos de classe de quand j’étais petit. Elles étaient à la cave, elles attendaient qu’on vienne les chercher en s’imprégnant de cette odeur caractéristiques des trucs qui ont été stockés à la cave.
C’est toujours rigolo de retrouver des photos de classe. D’abord parce que c’est un saut dans une autre époque et puis aussi parce qu’on redécouvre des visages oubliés depuis des années.
C’était toujours un événement le jour de la photo de classe : on avait été prévenu à l’avance, on vous avait fait mettre vos plus beaux habits. Le matin on préparait la cour de récréation en installant quelques rangées de chaises dans le coin le plus joli qui avait des arbres derrière.
Au moment de la photo, c’était toujours un peu le bordel, il fallait mettre les grands derrière et les petits devant et puis se décaler un peu pour que tout le monde puisse tenir sur la photo.
Le monsieur qui nous prenait en photo était toujours assez rigolo. Je n’ai jamais su si c’était Monsieur Tourte ou Monsieur Petitin ou bien si les affaires des établissements Tourte et Petitin étaient suffisamment prospères pour leur permettre d’envoyer leurs sous-fifres aligner les enfants dans les cours de récréation de France en empochant les bénéfices du fond de leur bureau confortable.
Parfois on avait la lourde responsabilité de tenir l’ardoise, ce qui donnait un air un peu plus crispé que les autres sur la photo.
Quand on était un "t" comme moi (ceux dont le nom de famille commence par un "t") la photo de classe était l’unique chance de tenir l’ardoise car le jour des photos individuelles, seuls les "a" pouvaient prétendre à ce privilège.
On ne le savait pas à l’époque, mais cette ardoise permettrait des années plus tard de retrouver sur Internet les photos de classe de ses collègues de bureau et de se moquer de leur sous-pull en acrylique pendant la pause à la machine à café.
Ce week-end constitue le point d’orgue d’un projet au travail sur lequel nous travaillons depuis des mois, ce qui me laisse assez peu de temps pour dormir ou alimenter ce blog (en ce qui concerne ma propre alimentation ça va, les plateaux repas sont plutôt pas mal).
Je prends quand même le temps de rédiger un tit billet, avec une tite musique que j’aime bien et une photo de colibri, en me disant que le tout fera un chouette interlude.
A la télé, ça n'existe plus les interludes et c'est dommage. Dans cette industrie, tout est maintenant calé à la microseconde. Perdre une demi minute d’antenne engendrerait un manque à gagner significatif intolérable.
Dans la vie non plus ça n’existe plus les interludes, sauf peut être dans les avions que n’atteignent pas encore les ondes des téléphones portable, mais quelquechose me dit que ça ne durera pas.
Je me demande même si à force ce mot ne va pas finir par être retiré du dictionnaire.
Le jour de la fête des mères est sans doute avec le 24 décembre et le week-end du 15 août l'une des plus grandes transhumances de l'année.
Pour le cadeau de ma moman, j'ai longtemps hésité entre confectionner un collier de nouilles ou bien acheter des fleurs. Comme mon employeur m'a moyennement laissé cette semaine le temps de me livrer à la moindre activité manuelle, j'ai finalement opté pour une orchidée.
Ce matin dans Paris tout était bouquet.
A la station Villiers est monté en baillant un jeune bouquet de pivoine un peu endormi. Sans doute était il encore en after à l'heure où sa mère se rendait au marché pour aller acheter le gigot dominical. Un peu plus tard Gare de Lyon, un hortensia en pot attendait le train le nez plongé dans un bouquin.
Pendant que les gares défilaient, mon orchidée et moi on s'est dit que l'homme aurait pu tout aussi bien décider d'arracher un autre constituant que la fleur à son environnement pour en faire un joli cadeau.
Si tel avait été le cas, peut-être que ce matin dans Paris, tout aurait été réverbère, vache ou bien pavé.
Depuis vendredi soir il pleut dans mon salon. En fait il semble que la toiture en zinc parisienne tellement typique au-dessus de mon appart ait un léger problème d'étanchéité qui fait que quand il pleut beaucoup (et en ce moment il pleut beaucoup) les précipitations dans mon salon atteignent des valeurs très supérieures aux normales saisonnières.
C'est dans ce genre de situation très inconfortable que l'on peut mesurer toute la dureté du monde dans lequel nous vivons.
Tentative 1 : Chercher de l'aide auprès de l'assistance 24/24 de l'assurance, largement vantée dans mon contrat et sur le site internet de l'assureur. "Désolé Monsieur, si l'eau vient du toit qui est une partie commune, il faut vous adresser à l'assurance de l'immeuble via le syndic. Au revoir Monsieur". Echec.
Tentative 2 : Appeler le syndic. D'habitude, le syndic répond au téléphone les lundis, mercredi et vendredi de 10h30 à 11h15 et de 15h à 16h15. Dès lundi à la première heure, je tente donc de joindre la permanence de permanence : "Ne quittez pas nous allons répondre à votre appel". Cet évènement annoncé (nous allons répondre à votre appel) ne se produit pas pendant les vingt longues minutes où je subis, avant de perdre patience, une boucle de dix secondes de « crazy » de Gniarls Barkley, chanson que j'aimais bien jusqu'à ce matin. Mon enquète révèlera plus tard que les employés du syndic profitaient de ce lundi de Pentecôte et n'avaient contrairement aux dires du répondeur, aucune intention de répondre à mon appel. Nouvel échec.
Tentative 3 : Appeler le siège de cette multinationale qui rachète un à un les petits cabinets de syndic. "Je ne peux rien faire pour vous Monsieur il faut appeler votre syndic, au bout d'un moment vous devriez tomber sur l'assistance". Soupir.
Tentative 4 : Déranger le gars du syndic qui s'occupe de l'immeuble sur son portable, il est en vacances en Turquie mais me donne le numéro du plombier qui s'occupe de l'immeuble que nous appelerons Da Silva afin de préserver son anonymat (c'est bizarre de me renvoyer sur un plombier, j'aurais pensé qu'un toitier aurait été plus approproprié). Lueur d'espoir.
Tentative 5 : Déranger le plombier sur son portable : "jé pou pas vounir aujourd'hui, jé pou vounir demain mais pa lou matin ploutot l'après midi mais pas après quatre heurches. Rappoulez demain matin, c'est ma femme qui prenche les rendez-vous". Déception.
Tentative 6 : En désespoir de cause, appeler les pompiers pour les convaincre de mettre une bâche sur le toit en attendant mieux. "Mais Monsieur vous plaisantez, appelez votre syndic ou un couvreur". Honte.
Tentative 7 : Trouver un couvreur dans l'annuaire, n'importe lequel, peu importe le coût. "Ah désolé Monsieur nous on fait pas ça on est des plombiers au revoir Monsieur". C'est bien ce que je pensais les plombiers ne sont pas qualifiés pour ce genre de chose, cela ne me rassure pas. Nouvelle déception.
Tentative 8 : Allez acheter des serpillères, plein de serpillères et s'entraîner à faire la danse du soleil. Lassitude.