Je n’ai jamais vraiment aimé le dimanche, quand on est enfant le dimanche il n’y a rien à faire, on s’ennuie et dès la fin de l’après midi on a la boule à l’estomac, celle qui rappelle qu’on doit retourner à l’école le lendemain. Je souffre pour ma part toujours du syndrome de la boule du dimanche.
Le lundi est un jour funeste, il paraît que c’est le jour ou il y a le plus d’accidents du travail, le plus de suicides. Le lundi il convient d’éviter les réunions de rentrer la tête dans les épaules en attendant que ça passe. On pourra cependant échanger quelques impressions sur le week-end avec ses collègues de bureau. On pourra par exemple dire "t’ain il a fait vachement beau" si il a fait beau ou bien "t’ain quel temps de merdre ce week-end" s’il a fait moche. En résumé le lundi est un jour dangereux et sans intérêt.
Le mardi est un jour sans grande personnalité maintenant qu’on est grand par contre quand on était petit le mardi était un jour intéressant car on avait pas école le lendemain, du coup on pouvait regarder le western à la télé le soir avec Eddie Mitchell.
Le mercredi est un jour gâché : je ne me suis jamais vraiment remis de devoir travailler le mercredi alors qu’il y aurait plein d’autres choses passionnantes à faire comme aller au zoo, courir, sauter, jouer, et regarder des dessins animés à la télé tout l’après-midi.
Le jeudi est peut être mon jour préféré pour prendre des récups, une récup le jeudi est un vrai truc de fainéant, on glande le jeudi on revient au bureau le vendredi et hop c’est le week-end, c’est un luxe absolu. Le jeudi est un jour que j’aime bien.
Le vendredi, il y a quelque chose d’électrique dans les bureaux qui doit ressembler à ce que l’on ressent dans les casernes quelques heures avant de partir en permission. Le vendredi les gens sont détendus, les cravates sont rares ou dénouées. Vers 16 heures les bureaux se vident et les couloirs résonnent de "bon week-end" et de "donne moi ta main et prends la mienne la cloche a sonné ça signifie, la rue est à nous que la joie vienne... ".
Le samedi est lui une accumulation de petits bonheurs : le réveil qui ne sonne pas, aller chercher des croissants chauds à la boulangerie, conserver la possibilité de se recoucher après le petit déjeuner si on en a envie ou bousculer les mamies à caddies dans les allées du G20.
The Cure - Friday I'm in love
Le type qui a inventé la lettre recommandée est un sadique parce que recevoir un avis de mise en instance ça veut dire qu’on va être obligé d’aller se taper au minimum une demi-heure d’enfer au bureau de poste de l’avenue de Clichy.
Le type qui a inventé la lettre recommandé est un sadique car la lettre recommandée comme le télégramme ou le coup de fil au milieu de la nuit, délivre avec la plus profonde indifférence, les très bonnes nouvelles (vous avez hérité toute la fortune d’une vieille arrière-grand-tante que vous ne connaissiez même pas) et les très mauvaises (vous êtes convoqué à un entretien préalable à votre futur licenciement).
Le type qui a inventé le recommandé est un sadique parce que quand on reçoit un recommandé il n’y a aucun moyen de savoir qui vous l’envoie. On sait juste qu’il y a dans l’enveloppe un papier important et que la personne qui vous l'a envoyé est très curieuse de savoir si vous l’avez reçu.
Bref derrière un recommandé il y a toujours une surprise, mais derrière le type qui a inventé il y beaucoup d’aigreur et la volonté de tourmenter son prochain.
Casimir, Julie et le facteur - La chanson du facteur
Cet après-midi je me trouvais dans le métro en route vers un rendez-vous de travail (en fait l’expression en rame ou en rail serait plus appropriée mais beaucoup moins élégante).
A la station Notre-Dame de Lorette, quatre lolitas en jean slim et mèche ont investi le wagon. Elles se sont vautrées sur les banquettes, ont fait hurler au haut-parleur pourri de leur portable le dernier titre de M Pokora téléchargé grâce à leur forfait NRJ pétasse puis ont glapi d’un rire hystérique que seule une glotte de lolita pré pubère est capable de produire.
Tout en poursuivant la mastication consciencieuse de leur chewing-gum Hollywood elles ont parfait leur attitude rebelle en se lançant chacune dans la méticuleuse confection d’un scoubidou.
C’est à ce moment là que j’ai réalisé que ça devait faire vingt ans que je n’avais pas vu un scoubidou, c’est à ce moment là que je me suis étonné que ce truc ait finalement survécu à autant de générations.
C’est décidé, dès demain je ramène ma collection de pogs au bureau avec la ferme intention de plumer mes collègues de l’étage sur le mange-debout du coin café*.
Alain Souchon & Laurent Voulzy – J’ai dix ans
* Au fait comment mettre au pluriel « le mange debout du coin café » s’il y en a plusieurs ?
J’ai toujours rêvé d’avoir des super-pouvoirs.
Quand j’étais petit j'aurais adoré avoir la capacité de me rendre invisible ou bien de pouvoir voler juste comme ça.
Les années passant j’ai dû accepter le fait que je n’étais habité d’aucun don surnaturel et j’ai fini par me résoudre à mener une existence ordinaire.
Et puis l’autre jour, je me suis aperçu par hasard que j’avais la capacité de commander mon ipod par la pensée. Je m’explique alors que mon ipod était en train de terminer l’interprétation d’une chanson, je me suis mis à penser à une autre chanson et paf quelques secondes plus tard c’est cette chanson là qui retentissait dans mon pod.
Quelques heures plus tard, je suis resté plus de vingt minutes à la terrasse d’un café parisien sans que personne ne remarque ma présence. Le garçon mal aimable en charge du secteur où je me trouvais est passé une bonne dizaine de fois devant moi sans jamais croiser mon regard, sans jamais adopter un comportement laissant supposer qu’il pouvait m’avoir vu, et finalement sans jamais prendre ma commande. Je devais me rendre à l’évidence : je possédais enfin ce don dont j’avais rêvé toute mon enfance, celui de me rendre invisible.
Pour le moment, ce super pouvoir ne s’exprime qu’à la terrasse des cafés parisiens, mais je pense qu’avec un peu d'entrainement, je devrais pouvoir le déclencher dans d’autres endroits.
Keane – Everybody’s changing