Il y a trois semaines, ils arrivaient enfin à la mer, la mine défaite, après avoir eu trop chaud dans des embouteillages trop nombreux.
A peine la valise défaite (elle aussi), ils allaient prendre leurs premiers coups de soleil.
C’est un peu comme si à ce moment précis, une force contre laquelle il était inutile de lutter avait décidé de freiner le cours du temps. Dès lors chaque geste se faisait plus lent. Chaque jour était rythmé par des occupations semblables : vérifier les horaires de marées, se mettre en route pour la plage, ne pas oublier de mettre de la crème, penser à acheter du rosé pour l’apéro.
Il y a deux semaines et trois jours, ils ont commencé à peler. On n’est pas vraiment en vacances tant que l’on ne pèle pas un peu.
Il y a trois jours, ils s’étaient fait la remarque qu’il faisait déjà nuit alors qu’il n’était même pas neuf heures.
Le lendemain ils s’étaient étonnés qu’une feuille se détache nonchalamment sur leur route avant de venir mourir devant leurs espadrilles.
Il y a deux jours, ils avaient ressenti comme un léger pincement au cœur à l’idée qu’il fallait se mettre à faire les valises.
Il y a un jour, ils arrivaient enfin au péage de Saint-Arnoult, après avoir eu trop chaud dans des embouteillages trop nombreux. C’est à ce moment précis, qu’ils ont eu cette sensation étrange que le temps était de nouveau pris dans une espèce d’accélération dans laquelle il fallait se fondre pour ne pas se faire klaxonner parce qu’on a mis trop longtemps à avancer après que la barrière se soit ouverte.
Il y a une heure, ils étaient au supermarché pour remplir leur frigo. Curieusement, malgré le repos, malgré le sel sur la peau, ils étaient nerveux, pressés, agacés parisiens et poussaient, à toute vitesse leur caddie dans les allées du G20.