Je n’ai jamais vraiment eu de chance avec les tuyaux, en fait je suis un peu le Perrin du tuyau.
J’ai une fois eu la faiblesse d’appeler au chevet d’une chaudière fort mal en point l’entreprise AAAAAAAAA (pour Atelier des Artisans Apprentis Adhérents à l’Association Amicale des Amateurs d'Andouillettes Authentiques) et je m’en suis mordu les doigts. J’ai pu assister au sabotage pur et simple de ladite chaudière avant de me retrouver face a un choix simple : mourir de froid ou signer un gros chèque.
Je suis persuadé que dans les écoles de plomberie on enseigne les statistiques des morts par accident de chaudière, de robinet de radiateur, de broyeur (beurk) …
Je ne connais pas d’autre métier ou l’on peut, en un minimum de temps et un demi tour de clef à molette générer une marge maximum en vendant un truc dont ils n'ont pas besoin à de pauvres innocents (ce qui quand on y pense est l’aboutissement ultime de toute démarche de marketing).
- Ah oui comme l’année dernière en fait…
Ce coup ci j’ai eu la présence d’esprit d’appeler le fabriquant du dit broyeur et de lui demander s’il n’aurait pas l’adresse d’un artisan pas trop voleur qui sache soigner la bête.
Curieusement les établissements SFA ne semblent avoir confiance qu’en un seul artisan dans tout Paris. De là à penser que les 1365 autres établissements parisiens qui apparaissent lorsque l’on tape « dépannage broyeur » dans les pages jaunes auraient diagnostiqué un problème combiné de mornifle et de bistufle avant de me refourguer un broyeur tout neuf (d’ailleurs même pas forcement tout neuf) il n’y a qu’un pas.
J’ai donc rendez-vous avec mon Sauveur (non je vous assure le mot n’est pas trop fort, la perte du confort moderne est un truc qui me mine…) ce matin entre 7h et 7h30. Ca tombe plutôt pas mal rapport que j’ai une réunion à 9 heures à la Défense. C’est pas que j’aime tellement ça faire sonner le réveil avant que ça soit l’heure de faire sonner le réveil, mais avec l’agenda de pétasse que j’ai en ce moment, j’ai pas trouvé mieux comme créneau.
7h05 : personne
7h10 : personne
7h15 : à y réfléchir je n’ai jamais vu un plombier arriver à l’heure
7h20 : soupir agacé
7h30 : je me décide à appeler l’entreprise en question pour les insulter : « nos bureaux sont ouverts de 9 heures à 12 heures et de 14 heures à 17heures merci de laisser un message apres le bip – biiiiiiip »
7h50 : coup de fil du sauveur il s’essecuse mais il vient juste d’arriver à la Place de Clichy.
8h10 : arrivée du Sauveur (putain ça fait long quand même 20 minutes pour faire Place de Clichy – rue des Moines). Il sent très fort la clope (allez je m’en grille une petite avant le boulot. Une tite gitane maïs à 7h30 pour commencer la journée, y’a pas mieux…)
On voit tout de suite que c'est un professionnel, qu’il a l’habitude. Il me demande de faire silence pour écouter la respiration du boyeur avant de se décider à ouvrir les entrailles de la bête (un peu comme dans chaque épisode d’urgence quand ils découpent le thorax des patients venus pour un panari).
J’assiste un peu dégoûté au matinal démontage curetage du broyeur.
Le problème c’est que le contenu du dit seau dont je vais vous épargner la description ne peut point se vider dans les toilettes car il constitue la raison précise du mauvais fonctionnement des dits toilettes.
Il m’apprend ensuite que cette petite merveille technologique s’entretient avec un produit spécial tous les 4 mois..
Selon mes calculs, le truc a six ans et n’a jamais été entretenu
Une carte electronique, un bouton poussoir, du produit d'entretien plus tard (soit deux cent dix huit euros quand même) voila mon broyeur prêt à repartir comme en quarante...
Je laisse un mot anonyme à la femme de ménage lui confiant lâchement une mission un peu ingrate faire disparaître les traces de cette bataille entre l’homme et le sanibroyeur SFA et regarde partir mon sauveur vers un autre broyeur avant de filer moi même vers les tours de la défense en me disant que j’aime bien mon boulot.