Hier, profitant d’une journée de récup (bénies soient les récups en milieu de semaine prises sur un coup de tête…) je me suis rendu chez le coiffeur (il se passe quand même des trucs incroyables dans ma vie et sur ce blog…).
Chez le coiffeur, j’aime beaucoup le moment du shampoing, je crois que je pourrais me faire gratouiller le cuir chevelu pendant des heures.
Chez le coiffeur, j’aime beaucoup observer les petites vieilles qui viennent se faire teindre les cheveux en violet toutes les semaines (quand on y pense l’industrie de la coiffure n’est pas loin de faire son beurre de façon majoritaire sur les petites vieilles qui viennent, tous les mardis, claquer leur retraite et raconter leurs problèmes d’arthrose avant d’aller jouer au bridge avec les copines).
Chez le coiffeur, j’aime pas trop par contre les conversations de salon de coiffure qui se résument pour la plupart à « fait trop chaud », « fait trop froid », « fait trop tiède » ou bien « est ce que vous prenez des vacances bientôt » ou encore « le monde ne tourne pas rond ma bonne dame »
Chez le coiffeur, j’aime pas trop non plus les cheveux qui grattent dans le cou quand on est rentré chez soi (si elle savait ma coiffeuse, que la première chose que je fais en rentrant est en général de prendre une douche et de me laver les cheveux) et puis aussi je déteste ce truc idiot que font tous les coiffeurs de la terre à la fin de leur prestation, qui consiste à prendre une glace puis, grâce à un subtil jeu de miroir, à vous faire approuver votre coupe vue de derrière. Mais quel est le malade qui a mis ce truc au programme des écoles de coiffure ? Le truc gênant c’est qu’il faut toujours donner un avis sur l’allure de sa nuque (alors qu’a ce stade là même si c’est raté il n’y a plus grand-chose à faire que d’attendre que ça repousse …) et comme on ne sait pas trop quoi dire et qu’on n’ose pas tellement avouer non plus qu’on s’en fout, on se contente en général d’un hochement du bonnet un peu contrit et toujours ridicule.
Ce qui est étonnant c’est que dans un monde où on fait tout plus vite (on se déplace plus vite, on communique plus vite etc etc …) on met toujours le même temps à se faire couper les cheveux. La technique est la même qu’il y a cent ans et restera la même jusqu'à ce qu’on invente une machine à laser asynchrons haute pression qui en quelques secondes vous façonnera une coupe identique à celle du modèle de la couverture du magazine que vous aurez préalablement découpé et introduit dans le scanner de la dite machine.
Comme tout le reste se fait plus vite, on passe proportionnellement plus de temps à se faire couper les cheveux par rapport à nos autres activités (ce raisonnement tordu peut être mis sur le compte du décalage horaire, mais je vous promets que si on fait un camembert du temps que l’on passe à faire les choses, la portion coiffeur est globalement une de celles dont la taille a le plus augmenté proportionnellement aux autres).
De tous les commerçants de proximité, le coiffeur est celui qui vous emmène le plus rapidement et naturellement dans une relation à la fois exclusive et possessive.
On peut sans problème faire des infidélités à sa boulangère sans qu’elle s’en aperçoive (on se sent toujours un peu coupable de faire des infidélités à ses commerçants habituels et on est toujours un peu piteux quand on se fait prendre la main dans le sac donc autant éviter...). Pour la boulangère donc, il suffit de faire un peu attention et ne pas passer devant sa boulangerie attitrée avec cette autre baguette qu’on aime bien aussi sous le bras. Votre boulangère se dira que vous avez mangé au restau ou bien que vous êtes parti en vacances.
Par contre impossible de cacher la moindre infidélité à votre coiffeuse : un simple regard expert à votre crâne, lors de votre prochaine visite suffira à révéler la trahison capillaire commise pendant vos vacances, pendant ses vacances, ou bien parce que vous aviez envie d’autre chose. Elle vous lâchera un « oh oh c’est pas ma nuque ça » avant de se lancer, verte de rage, dans le massacre en bonne et due forme de votre cuir chevelu. En fait, la seule infidélité possible ne pouvant attirer les représailles est une infidélité définitive qui lui fera penser que vous n’habitez pas dans le quartier. Par contre autant changer de quartier aussi car malheur à vous si vous et votre nouvelle coupe la croisez dans votre rue…