De mon point de vue, l’utilisation d’un photomaton s'apparente à une espèce de torture.
D’abord se rappeler dans quelle station de métro il y a une cabine, pester de ce que la machine est en panne, marcher, en trouver une autre, s’énerver de la présence d’un énorme tag sur le fond blanc plus très blanc du coup. Trouver enfin un automate photographique disponible, constater avec désarroi que l’on a pas de monnaie, aller acheter un paquet de tic tac au bureau de tabac pour faire de la monnaie, perdre son tour, attendre la fin de la séance photo de trois lolitas compactées ayant décidé d’immortaliser leur amitié préadolescente.
Vérifier que l’on a pas été suivi, s’engouffrer dans la machine, s’étonner de ce que le rideau soit désespérément trop court, tourner le tabouret, mettre les pièces, appuyer sur le gros bouton, se concentrer, sentir le nez qui gratte, ne pas se gratter, surtout ne pas se gratter le nez. Et puis si, se gratter le nez quand même, on doit avoir le temps,
clic clac. Ne pas garder la photo, recommencer, se rappeler des photomatons de son enfance et du flash qui résonnait dans toute la gare (y a-t-il un équivalent de raisonner pour la lumière ?), se concentrer de nouveau, et puis sans raison sur un coup de tête, défier l’objectif d’une grimace de dernière minute,
clic clac. Dernière chance, se concentrer vraiment, pas bouger,
clic clac.
Sortir de la machine, attendre une éternité en se donnant une contenance, s’emparer de la bandelette et partir en courant.
Quelques années plus tard mettre la main sur son stock de photomatons ratés en triant des vieux papiers, se moquer.
Etienne Daho – Tombé pour la France PS : c’est sans doute une coïncidence, mais il se trouve que je commence juste un projet inutile (
http://www.photomaton-moche.com) en lien avec billet. N’hésitez pas à contribuer à cette oeuvre.