Quand on voyage pour le travail il y a en gros deux possibilités : voyager seul ou bien voyager à plusieurs et découvrir ainsi les joies du déplacement entre collègues.
Les multinationales aiment bien envoyer leurs cadres faire des réunions à l’autre bout de la planète, ce qui fait que la cabine affaire est en générale pleine de joyeuses bandes de collègues en route pour un séminaire à Shanghai, une réunion de vente à Bali ou à une revue stratégique à Tokyo.
Le voyage aérien collectif est par exemple l’occasion de s’étonner que le chef puisse porter un jean ou de découvrir que tel ou tel collègue s’endort la bouche ouverte.
Il arrive qu’au bout d’un moment le voyage collectif devienne un peu pesant. C’est souvent le cas au moment du petit déjeuner, moment que j’ai personnellement un peu de mal à partager avec des collègues, aussi sympathiques soient ils.
Au petit déjeuner quand il est 7 heures du matin à Shanghai, votre corps vous dit qu’il est une heure du matin et qu’il serait peut être temps de retourner se coucher, vous avez l'esprit embrumé et vous avalez machinalement vos tartine sans trop penser à rien.
C’est en général le moment que choisit ce collègue survolté (qui par malchance a choisi de s’asseoir à la table à laquelle vous étiez en train de comater devant vos corn flakes) pour vous demander en guise de bonjour si vous avez réussi à vous connecter pour lire vos mails (il a toujours des problèmes pour lire ses mails).
C’est à ce moment précis que vous regrettez de n’être pas ce type assis seul à la table d’à coté qui vous observe du coin de l’œil, amusé qu’il est de vous observer découvrir les joies du déplacement entre collègues.
Pierre Perret - Les jolies colonies de vacances