18 mars 2007
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Il y a à Paris des endroits hors du temps. Parmi eux la cafétaria bar qui se trouve au cinquième étage du BHV.
Le samedi après-midi, quand les mamies ont fini d'encombrer les rayons du Monoprix en poussant à deux à l'heure leur caddie alors qu'elles pourraient très bien aller ralentir la circulation dans les allées du magasin le restant de la semaine pendant que les honnètes travailleurs sont au bureau en train de générer des cotisations retraites qui financeront bientôt leur mise en plie violette, elles se rendent en masse à la cafétaria bar du cinquième étage du BHV.
En bas, rue de Rivoli, la ville s'agite. Au sous-sol du magasin, les gens se perdent et s'énervent à la recherche d'un écrou de quatorze, mais au cinquième étage, tout est calme. Les mamies viennent ici s'envoyer qui un grand chocolat à la crème, qui un petit café, qui un énorme gâteau. La plupart sont pimpantes, limite endimanchées. Certaines sont seules, d'autres entre copines, d'autres encore avec leurs petits enfants.
Je peux rester des heures là-bas à observer les mamies. Certaines n'ont pas leur pareil pour s'infiltrer mine de rien dans une file d'attente, abusant d'une certaine immunité liée à leur âge (vilipender une vielle dame qui gruge ostentiblement une file d'attente conduit immanquabelement à passer pour un monstre auprès de toute la clientèle). D'autres sont redoutables dans leur capacité à raffler la quasi totalité des dosettes de sucre disponibles, ou à jouer des coudes pour conquérir une place occupée.
De temps en temps on croise un papy, endimanché lui aussi, venu sans doute chasser ici une cavalière pour le thé dansant de demain et plus si affinité. Cet endroit (comme les maisons de retraite) a ceci de commun avec les terminales littéraires, qu'il y a, en général, beaucoup plus de filles que de garçons, ce qui fait la joie des garçons de terminale littéraire et des papy endimanchés.
Personne ne sait exactement pourquoi toutes ces mamies se retrouvent dans cet endroit. Peut-être qu'elles ont pris cette habitude toutes petites, quand leur grand-mère les emmenait déjà ici après les courses et leur offrait un grand chocolat à la crème.
Jeanne Calment - La farandole de Jeanne
Le samedi après-midi, quand les mamies ont fini d'encombrer les rayons du Monoprix en poussant à deux à l'heure leur caddie alors qu'elles pourraient très bien aller ralentir la circulation dans les allées du magasin le restant de la semaine pendant que les honnètes travailleurs sont au bureau en train de générer des cotisations retraites qui financeront bientôt leur mise en plie violette, elles se rendent en masse à la cafétaria bar du cinquième étage du BHV.
En bas, rue de Rivoli, la ville s'agite. Au sous-sol du magasin, les gens se perdent et s'énervent à la recherche d'un écrou de quatorze, mais au cinquième étage, tout est calme. Les mamies viennent ici s'envoyer qui un grand chocolat à la crème, qui un petit café, qui un énorme gâteau. La plupart sont pimpantes, limite endimanchées. Certaines sont seules, d'autres entre copines, d'autres encore avec leurs petits enfants.
Je peux rester des heures là-bas à observer les mamies. Certaines n'ont pas leur pareil pour s'infiltrer mine de rien dans une file d'attente, abusant d'une certaine immunité liée à leur âge (vilipender une vielle dame qui gruge ostentiblement une file d'attente conduit immanquabelement à passer pour un monstre auprès de toute la clientèle). D'autres sont redoutables dans leur capacité à raffler la quasi totalité des dosettes de sucre disponibles, ou à jouer des coudes pour conquérir une place occupée.
De temps en temps on croise un papy, endimanché lui aussi, venu sans doute chasser ici une cavalière pour le thé dansant de demain et plus si affinité. Cet endroit (comme les maisons de retraite) a ceci de commun avec les terminales littéraires, qu'il y a, en général, beaucoup plus de filles que de garçons, ce qui fait la joie des garçons de terminale littéraire et des papy endimanchés.
Personne ne sait exactement pourquoi toutes ces mamies se retrouvent dans cet endroit. Peut-être qu'elles ont pris cette habitude toutes petites, quand leur grand-mère les emmenait déjà ici après les courses et leur offrait un grand chocolat à la crème.
Jeanne Calment - La farandole de Jeanne