Les touristes étrangers font parfois des milliers de kilomètres pour goûter aux charmes d’une terrasse de café à Paris, par une belle journée d’automne. Il ne faudrait pas grand-chose pour que ces moments là soient des moment parfaits : un petit rayon de soleil, le spectacle de la ville, regarder passer les gens dans la rue puis tourner un peu la tête, observer les habitués au comptoir, deviner la teneur de leurs conversations sur le passage à l’euro qui a fait augmenter tous les prix, l’insécurité, les RTT ou ces hommes politiques qui sont vraiment tous des pourris.
Ensuite il s’appliquera dans son rendu de monnaie pour qu’il vous soit facile de lui donner un pourboire généreux et si par hasard la somme d’argent qu’il doit vous rendre n’est pas éloignée du pourboire qu’il s’estime mériter il jouera la montre en espérant que vous lâchiez prise.
Un jour je viendrai dans ton café pourri en face du passage du havre* qui vend des cocas pourris à 3 €uros 80, je passerai toute l’après midi en terrasse, je te demanderai une consommation toutes les demi heures et des verres d’eau toutes les quatre minutes, je changerai d’avis, je te demanderai des reçu avec TVA et des reçus sans TVA, je demanderai à changer de table tout le temps parce que je sentirai un courant d’air. Je ne commanderai que des trucs qu’il n’y a pas sur la carte, je serai outré la pauvreté de cette carte, je parlerai fort, je fumerai le cigare, ça puera sur toute la terrasse, ça fera fuir les touristes américains, ceux qui laissent des gros pourboires. J’aurais pendant des mois collectionné les pièces de 1 et de 2 centimes il y en aura des miliers, je les abandonnerai sur la table en partant en m'excusant poliment et avec un grand sourire "Oh vraiment désolé mais je me suis pris les pieds dans la table et j’ai tout renversé, c’est pas ergonomique chez vous vraiment".