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5 octobre 2006 4 05 /10 /octobre /2006 07:36

Les touristes étrangers font parfois des milliers de kilomètres pour goûter aux charmes d’une terrasse de café à Paris, par une belle journée d’automne. Il ne faudrait pas grand-chose pour que ces moments là soient des moment parfaits : un petit rayon de soleil, le spectacle de la ville, regarder passer les gens dans la rue puis tourner un peu la tête, observer les habitués au comptoir, deviner la teneur de leurs conversations sur le passage à l’euro qui a fait augmenter tous les prix, l’insécurité, les RTT ou ces hommes politiques qui sont vraiment tous des pourris.

Le charme des café parisiens, c’est aussi ce garçon de café, forcément bourru, portant souvent (mal) la moustache qui vient prendre votre commande machinalement sans même vous regarder. Avant cela, vous l’avez attendu pendant un quart d’heure : dix fois il est passé devant vous, dix fois il s’est comporté comme si la chaise sur laquelle vous êtes assis était vide.

Un peu plus tard il vous ramènera un pauvre coca tiède sans bulle a 3 euros 80 qui n’aurait pas passé le contrôle qualité (pourtant assez laxiste) de chez Mcdo, et puis il détalera à peine le verre abandonné sur la table et lèvera les yeux au ciel quand vous lui demanderez des glaçons.

Peu après, il choisira le moment où vous êtes de train de dire quelque chose d’important ou d’intime à la personne avec laquelle vous êtes pour venir vous aboyer un "Il faut falloir que j’encaisse c’est la fin du service".

Ensuite il s’appliquera dans son rendu de monnaie pour qu’il vous soit facile de lui donner un pourboire généreux et si par hasard la somme d’argent qu’il doit vous rendre n’est pas éloignée du pourboire qu’il s’estime mériter il jouera la montre en espérant que vous lâchiez prise.

Alors parfois il vous vient des envies de vengeance, parfois vous vous entendez penser :

Un jour je viendrai dans ton café pourri en face du passage du havre* qui vend des cocas pourris à 3 €uros 80, je passerai toute l’après midi en terrasse, je te demanderai une consommation toutes les demi heures et des verres d’eau toutes les quatre minutes, je changerai d’avis, je te demanderai des reçu avec TVA et des reçus sans TVA, je demanderai à changer de table tout le temps parce que je sentirai un courant d’air. Je ne commanderai que des trucs qu’il n’y a pas sur la carte, je serai outré la pauvreté de cette carte, je parlerai fort, je fumerai le cigare, ça puera sur toute la terrasse, ça fera fuir les touristes américains, ceux qui laissent des gros pourboires. J’aurais pendant des mois collectionné les pièces de 1 et de 2 centimes il y en aura des miliers, je les abandonnerai sur la table en partant en m'excusant poliment et avec un grand sourire "Oh vraiment désolé mais je me suis pris les pieds dans la table et j’ai tout renversé, c’est pas ergonomique chez vous vraiment".

* Brasserie Le Printanier – Rue de Caumartin – Paris 9ème.

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commentaires

S
Excellent ! :)
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L
chiche !
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A
Ce jour-là, nous serons tellement nombreux avec nos sacs de monnaie, que la rue en sera tout encombrée, et que nous pourrons, en plus, nous plaindre de ne pas trouver une place en terrasse (vous savez, la terrasse, ce qui constitue aujourd'hui l'essentiel de la surface d'un café parisien, après une conquête acharnée, centimètre après centimètre, d'un trottoir misérable...).
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