Il n’est pas facile d’écrire un billet face à la mer au milieu des restes d’un petit déjeuner océanique*. Il faut pousser un peu les petits pots de confitures Bonne Maman et virer les miettes de chocolatines (ici on dit chocolatine et on vous regarde comme un parisien quand vous demandez un pain au chocolat) pour faire de la place pour le pc (un mac serait plus adapté à l’écriture de ce billet salé).
Je pourrais parler de ces mille choses universelles qui font la vie sur les plages, les petits tout nu qui font pipi sur les châteaux de sables construits par leur ainés avant de se lancer dans leur consciencieuse et méthodique destruction, des transistors qui hurlent (tiens il me semble qu’on ne trouve plus tellement de transistors sur les plages, peut être parce que le transistor est simplement démodé dans la vie aussi…), cette prouesse technique qui consiste à enfiler un maillot de bain pudiquement camouflé par une serviette pleine de sable, ces petits avions traînant des pubs en grosses lettres qui passent dans le ciel dont tout le monde se fout, cet exploit par deux fois désagréable (pour un garçon) qui consiste à rentrer dans une eau un peu trop froide.
Je pourrais m’interroger sur le fascinant phénomène des marées, me demander où passe toute cette eau quand la mer est basse. Est-ce qu'une marée basse à Biarritz correspond à une marée haute de l'autre coté de l'Atlantique ? Ou bien alors est ce que l'eau qui s'en va se retrouve quelque part au milieu de l’océan. Si c’est le cas alors la surface de l’océan n’est pas plane mais bombée en son centre (ce truc là se passe forcément au centre). Mais alors quand la mer est haute, il doit y avoir comme un grand creux au milieu de l’océan. De la même façon si les vagues viennent toujours du large, il doit y avoir un endroit au milieu de l’océan où se forment des vagues qui partent des deux cotés en même temps ? Est-ce le même endroit ??
Je pourrais m’amuser de cette particularité anatomique qu’ont les êtres humains, d’avoir les bras un peu trop courts ou pas assez mobiles qui fait qu’il existe une zone en haut du dos, grosse comme une pièce de cinq francs, physiologiquement impossible à tartiner soi même de crème solaire qui engendre sur la plage les contorsions les plus spectaculaires pour qui ne s’est pas rendu sur la plage avec mamour. Ou bien de cet air dégoûté que prend ledit mamour en tartinant ce dos aimé avec la grâce et la délicatesse d’un ouvrier du bâtiment gâchant un crépi.
Mais en fait, je crois que je ne vais rien faire de tout cela : en face de moi l’océan est à 23°C, il fait beau. Comme il n’est pas facile d’aller au bout de l’écriture d’un billet dans de telles conditions, je vais tout simplement aller me baigner (dans les vagues).
* Dodin, face à la grande plage à Biarritz.