L'Amérique est un grand pays. Lorsque l'on se trouve sur la côte Ouest (comme par exemple à Portland dans l'Orégon) et que l'on doit se rendre sur la côte Est (comme par exemple à Philadelphie en Pennsylvanie 2406 miles plus à l'est) il y a en gros trois méthodes.
La première consiste à passer une journée dans un avion : près de 5 heures de vol et 3 heures de décalage horaire ont vite fait de faire disparaître un jour entier d'un planning de voyage.
La deuxième, plus éprouvante consiste à emprunter ce que les Américains appellent avec leur sens du raccourci verbal efficace un "red eye". Le red eye est un vol qui part de la côte Ouest tard le soir (par exemple vers 23 heures) pour arriver sur la côte Est tot le matin (par exemple vers 7 heures du matin). Au départ on se méfie pas, on se dit bah c'est juste une nuit dans un avion, seulement voilà avec le décalage horaire cette nuit déjà courte raccourcit encore de trois heures. Dans le meilleur des cas on a droit à quatre heures de sommeil pour autant que l'état d'à peine léthargie que l'on peut atteindre dans le confort spartiate d'un fauteuil d'avion d'une compagnie américaine mérite le qualificatif de sommeil.
La troisième méthode pourrait consister à avaler ces 4330 bornes en voiture et d'y passer quelques jours. Une nuit trop courte ou quelques jours trop longs, la notion de demi mesure n'existe pas aux Etats-Unis.
A Philadelphie l'été, il peut faire très chaud et très humide, alors les Américains ont mis au point des systèmes de climatisation fort sophistiqués. Mais voilà, en général le réglage de ces trucs fait que lorsqu'on rentre dans un endroit climatisé il y fait une température voisine de celle à laquelle un pingouin se dit "putain il fait bon". C'est un peu comme un défi lancé par les ingénieurs américains à la nature : "Dehors il fait très chaud, et bien dedans il ne fera pas juste bon, il fera froid, très froid parce que nous nous sommes plus forts que les éléments".
Ici il fait plus froid quand il fait plus chaud, ici les buildings sont plus hauts, les sirènes de police font plus de bruit.
J'ai parfois l'impression que l'architecture, le mode de vie ont été inspirés pas les séries américaines et que l'Amérique est devenue une caricature d'elle même.
Comme si les tous les Américains avaient un jour participé à un gigantesque son et lumière genre Puy du fou sur le thème "bonheur et enthousiasme" puis s'étaient réveillés le lendemain matin et avaient décidé de continuer à surjouer leur rôle dans un pays qui serait devenu Disneyland.
"Si c'est pas l'Amerique, ca y ressemble bien"