Il y a quelque chose de magique dans la première quinzaine du mois d’août à Paris. Au bureau il y a ce je ne sais quoi qui rappelle un peu les quinze derniers jours avant les grandes vacances à l’école, une fois que le conseil de classe etait passé, quand il n’y avait plus grand monde et plus tellement d’enjeu non plus.
Déjà on est plus vraiment obligé de mettre une cravate, ensuite on peut sur un coup de tête partir à 16 heures sans que l'indice Euronext ne bronche. On peut passer plus de temps que de raison à la machine à café avec des collègues rieurs (pour peu, bien sur, qu’on ait à sa disposition des collègues rieurs) ou bien alors se livrer à des occupations inouïes, inimaginables le reste de l’année, comme par exemple ranger son bureau ou faire du ménage sur son disque dur sans être interrompu par le moindre coup de fil. De temps en temps un mail vient s'échouer dans la messagerie, le plus souvent une notification d'absence, réponse automatique à un message envoyé le matin, unique production électronique de la journée.
Quand, trop tôt, arrive la seconde quinzaine du mois d’août à Paris, on s’étonne de voir circuler de nouveau des voitures, de ne pas deviner de place de stationnement disponible. Parfois on aimerait qu’ils ne rentrent jamais, on aimerait ne jamais remettre de cravate, pouvoir passer plus de temps à la machine à café avec des collègues rieurs et aussi que l’on démonte tous les feux de la rue Réaumur devenus inutiles.