30 mai 2006
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Je suis un handicapé du photomaton en ce sens que je suis physiologiquement incapable de réussir une photo prise au photomaton.
Je ne sais pas pourquoi mais quand je sais que je vais être pris en photo, je prends toujours cet air caractéristique et emprunté, jamais observé dans d’autres circonstances. C’est pas pour être négatif, mais la seule possibilité pour moi de ne pas développer cette expression étrange et d’être à peu près naturel est précisément de ne pas être conscient que je suis sur le point d’impressionner une pellicule (ce qui dans la cas du photomaton demande des capacités d’abstraction mentales que je n’ai pas).
Je suis donc à la tête d’une magnifique collection de photomatons ratés, accumulés depuis ma plus tendre enfance, images parfaitement imparfaites, mises au rencart pour éviter qu'elles n'apparaissent sur les documents officiels auxquelles elles étaient destinées.
Le choix de la photo du permis de conduire, effectué le plus souvent dans la plus grande insouciance par un belle journée d’été de l’année de ses dix huit ans, peut vous poursuivre toute une vie. Un de mes jeux préférés quand je voyage avec des collègues ayant possiblement passé la permis de conduire dans les années soixante dix (et les autres aussi d’ailleurs) consiste à jeter mine de rien un rapide coup d’œil sur le rose sésame pendant l’instant furtif, au guichet Europcar, où celui-ci est accessible à tous. On est rarement déçu par cette expérience là qui peut démystifier le chef le plus puissant.
Pourtant j’ai toujours bien aimé les photomatons, mettre les sous dans le truc, choisir le rideau jaune ou le rideau bleu ou bien pas de rideau du tout (à mon grand désespoir et sans doute aussi celui des fabricants de rideaux, on ne peut plus choisir la couleur du fond), tourner le tabouret pour être plus grand ou plus petit, et puis attendre cet instant aléatoire (en général celui où l’on fait une grimace) où se déclenche le flash ultraviolent qui pendant quelques secondes vous aveugle tel le lapin dans les phares de la voiture, un peu comme si vous veniez d’être pris en photo par le reporter du Daily Planet. Ce flash qui la seconde d’après vous donne pendant quelques autres secondes l’impression d’être noir. Mais encore une fois tout fout le camp ma bonne dame et il n'y a plus de flash dans les photomatons. Les fabricants de flashs se morfondent sans doute avec les fabriquants de rideaux qui, eux, ont mieux tiré leur épingle du jeu, car il y a toujours un rideau pour rentrer dans la cabine. Enfin, faire le pied de grue devant la machine pendant trois minutes qui semblent une éternité et puis découvrir ces quatre photos ratées ultra moches qui viendront grossir la collection des recalées et puis recommencer l’exercice jusqu’à obtenir une série potable.
Le choix de la photo du permis de conduire, effectué le plus souvent dans la plus grande insouciance par un belle journée d’été de l’année de ses dix huit ans, peut vous poursuivre toute une vie. Un de mes jeux préférés quand je voyage avec des collègues ayant possiblement passé la permis de conduire dans les années soixante dix (et les autres aussi d’ailleurs) consiste à jeter mine de rien un rapide coup d’œil sur le rose sésame pendant l’instant furtif, au guichet Europcar, où celui-ci est accessible à tous. On est rarement déçu par cette expérience là qui peut démystifier le chef le plus puissant.