21 mars 2006
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J’ai parfois l’impression d’avoir un vie TGV.
La vie TGV est une vie qui va plus vite que vous.
Comme dans le train, on ne monte pas dans une vie TGV comme ça, il faut un billet valide et composté. Le ticket d’entrée est souvent un contrat à durée indéterminée avec une multinationale.
Dans une vie TGV on ne s’asseoit pas n’importe où et surtout on suit les rails.
Dans une vie TGV, tout va très vite, c’est rare qu’on ait bien le temps de s’apercevoir qu’un coquelicot a poussé au milieu du champ de colza qui vient de passer à 350 à l’heure. Il arrive qu’on regarde passer les vaches entre deux coups de fils, en se disant que décidément les vaches passent drôlement vite, enfin je crois que c’etait une vache…
Dans une vie TGV on ne s’arrête pas dans les petites gares non plus, d’ailleurs pour la plupart elles sont fermées depuis longtemps, pas assez rentable…Dans une vie TGV on prend plutot l’autoroute car ça fait gagner un peu de temps.
Bien sur c’est fantastique de pouvoir être à Lyon en deux heures, à Lille en une heure zéro quatre, à new york en huit ou neuf heures, ça depend de la force du vent (il est rassurant de penser que les éléments peuvent encore avoir de l’influence sur la vitesse de nos transports). C'est étonnant de pouvoir parler grâce à un truc grand comme un demi paquet de clopes à qui on veut à l’autre bout de la planète en rallant parce que ça grésille un peu.
Par contre des fois on aimerait bien revenir à cette vie d’avant, celle ou il fallait cinq heures pour faire Paris Lyon et que rien ne pouvait vous déranger pendant ces cinq heures là. Celle où pour aller au Japon on devait faire une escale à Anchorage. Celle où ne pouvait pas être joint partout et tout le temps sans forcément qu’il y ait une bonne raison pour ça. Celle où quand on était « à l’étranger » il fallait trouver des pièces pour téléphoner à la cabine. Cette vie dans laquelle les petites vieilles au bord de leur piscine en Floride n’avaient pas encore les clefs des multinationales et cette capacité à leur dicter 15 % de profitabilité par an.
Des fois on aurait presque envie de tirer le signal d’alarme de cette vie TGV, descendre, marcher le long de la voie et se rendre compte qu’un coquelicot a poussé au milieu du champ de colza.
Published by Nanaimo
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dans
Humeur