J’ai jamais été vraiment fan des 31 décembre.
Le trente et un décembre, au même titre que le samedi soir a un coté « amusez vous c’est l’heure » qui me gave un peu, tout comme la Saint Valentin a un coté « niquez c’est l’heure » et au passage n’ oubliez pas de dépenser vos sous car la croissance va pas repartir toute seule nom de dieu.
Au bureau et partout dans la ville raisonnent depuis quelques jours les incontournables conversations de saison « - Et vous vous faites quoi pour le 31 ? »
En fait cet instant où tout bascule d’une année à l’autre est comme une vague de bonheur obligé qui déferle sur la planète. Pourtant quand on y pense deux minutes cet instant a un coté dérisoire : à l’heure où les new yorkais font sauter le bouchon boule* les français sont en train d’essayer de dissoudre un alca selzer dans leur soupe à l’oignon et les japonais ont déjà remis leur costume gris et leur chemise blanche et sont déjà au bureau… Selon mes calculs cette vague de bonheur s’étouffe comme elle est née sur la ligne de changement de date quelque part au milieu de l’océan pacifique.
Par contre j’aime bien cette espèce de panique qui nous saisi vers 23 heures 50 quand tout le monde s’inquiète de savoir si sa montre indique la bonne heure. La relative imprécision des montres modernes fait que les gens s’embrassent en général un peu trop tôt ou un peu trop tard
Il semblerait que cette année cela risque d’être encore un peu plus compliqué car il faudra retarder sa montre d’une seconde lorsqu’il sera une heure du matin.
Plus de détail sur cette étrange initiative au bout du lien suivant :
http://www.lemonde.fr/web/depeches/0,14-0,39-26331917@7-347,0.html
Sachant que le temps nécessaire à changer l’heure de sa montre est à peu près proportionnel à son taux d’alcoolémie et en tout cas très supérieur à une seconde, ça promet de bien jolies scènes en bas des Champs Elysées. « Mademoiselle vous avez l’heure s’il vous plait car il faut que je change ma montre, tu suces ? ».
Cela dit c’est pour les anglais que ça va être très compliqué car pour eux ce phénomène étrange aura lieu à minuit pétante. En même temps ça leur fait les pieds saletés d’anglais, il n’avaient qu’a pas nous piquer les JO. Techniquement donc à Picadilly Circus on devrait assister au dialogue surréaliste suivant :
- Bonne année et surtout la santé
- Ah ça oui, parce que c’est important la santé
- Bonne année et surtout la santé
- Ah ça oui, parce que c’est important la santé
Je me suis toujours demandé s’il était techniquement possible d’échapper à cet instant en enchaînant quelques vols transcontinentaux vers l’ouest bien choisis. C’était sans doute possible du temps du Concorde qui je crois avait été affrété à la toute fin du siècle dernier pour permettre à quelques nantis forcément ventripotents de s’empifrer trois fois de suite sur trois continents différents. Avec un concorde, il aurait alors suffit de faire la manip dans le sens contraire, et hop on aurait pu souffler une fois passé la ligne de changement de date quelque part au milieu de l’océan pacifique.
Cette année point de Concorde donc et pas eu le temps d’étudier les horaires d’avion...
* Paroles et musique Alain Souchon