Il y a sur Internet une ribambelle de sites qui pour quelques euros ou bien pour rien du tout, vous permettent de retrouver (ou pas) des camarades de classe de quand vous étiez petit . Et ces sites là ont l’habitude de vous envoyer un mail, à chaque inscription d’un "nouveau" dont les dates et les établissements scolaires coïncident à peu près avec les vôtres et qui a donc une probabilité non nulle d’avoir, lui aussi, été dans la classe de CE1 de Madame Delrieu et d'avoir, lui aussi, porté un pull jacquard sur la photo de classe.
Je ne sais pas pourquoi mais en général ces outils permettent le plus souvent de retrouver ces camarades de classe qui n’ont pas marqué notre scolarité, ceux avec qui on avait le moins d’affinité, bref ceux que l'on a totalement oublié et qu'on a pas du tout envie de revoir.
Pour des raisons qui m’échappent, ce sont les mêmes que l'on a tendance à croiser de façon fortuite dans les rues de Paris.
Quand une telle rencontre se produit, une fois l’étonnement passé, on s’interroge mutuellement pour savoir si l’on habite dans le quartier, comme si on cherchait à donner une explication rationnelle à cette rencontre fortuite extrêmement peu probable.
Ensuite on évoque rapidement le travail, la famille, avant de se promettre qu’on s’appellera bientôt mais en prenant soin de ne pas livrer son numéro de téléphone, car on ne sait jamais.
Vincent Delerm – Les filles de 1973 ont trente ans