Je me rappelle la première fois que j’ai rendu visite au bureau des loteries.
J’avais conservé quelques temps le billet dans mon portefeuille et profitant d'une journée de beau temps, je m’étais rendu là bas, non sans un petit pincement au coeur à l'idée des conséquences néfastes que pourrait avoir la possession d'un ticket perdant.
Le bureau des loteries est un endroit étonnant. On y croise pèle-mêle des gens qui viennent chercher un numéro et d'autres qui viennent pour savoir si leur numéro est gagnant. Certains sont seuls, d'autres en couple ou avec des amis. Tous s'efforcent de prendre l'air le plus détaché possible.
A certains moments, cet endroit ressemble un peu aux grilles d'un lycée sur lesquelles on a affiché les résultats du bac. Il y a ceux qui repartent en sautillant le coeur léger et les autres qui quittent l'endroit avec un air sombre ou des larmes dans les yeux.
Lorsque vint mon tour, mon numéro et moi, nous nous rendîmes dans un petit bureau (le lecteur notera au passage une maîtrise parfaite des mécanismes grammaticaux qui gouvernent la concordance des temps). Le préposé des loteries (le même que le jour du numéro) ouvrit un petit dossier dans lequel se trouvait le résultat de la loterie. Il me sourit et, le plus rapidement possible (sans doute pour calmer mon angoisse mal dissimulée), m'annonça que mon ticket était gagnant, que tout allait bien.
La minute d'après je retrouvais Paris le coeur léger en me disant que je n’aimais décidément pas trop les émotions que cette loterie là génère.
David Bowie - Modern love