L’autre jour, je me suis aperçu par hasard qu’une collègue de travail se faisait appeler par un prénom qui n’était pas celui de son état civil.
C’est toujours amusant de se rendre compte de ce genre de coquetterie inspirée du monde des artistes.
J’adorerais vivre dans un monde où la société entière aurait emprunté les codes du Music Hall.
Le choix d’un pseudonyme, occuperait les enfants dès la classe de CP et ne serait plus l’apanage de quelques stars. Arrivé dans une entreprise on vous présenterait un à un vos nouveaux collègues : "Je vous présente Ricky Bravo, notre chef des ventes, Lova Barclay notre DRH et puis Freddy Lamour notre chef comptable".
La pratique de la Hola serait généralisée dans toute situation d’attente. Ainsi la longue file devant la poste de l’avenue de Clichy ne serait plus que vague rythmée par des "ho-ho-ho-ho-ho".
Lorsqu’on se rendrait à l’hôpital pour une crise d’appendicite, on commencerait par vous soigner un tout petit bobo en guide de première partie avant de vous infliger un entracte d’une bonne vingtaine de minutes pendant lequel vous feriez la queue dans une atmosphère enfumée pour aller chercher des bières. A peine ouvert un œil en salle de réveil, on vous endormirait de nouveau pour vous faire une petite rhinoplastie en guise de rappel.
Parfois au travail, en plein milieu d’une présentation PowerPoint vous entendriez au loin la voix d’un collègue ami qui, peu après, ferait son apparition à coté de vous et finirait la présentation avec vous en vous tenant par l’épaule avant de redisparaître en coulisses.
A la fin de cette présentation, quelqu’un vous apporterait un bouquet de roses, et puis vous iriez dîner avec toute l’équipe dans un restaurant à la mode, dans lequel vous seriez bien sur invité, avant de regagner la suite d’un grand hôtel parisien que vous saccageriez avec quelques amis qui auraient, comme vous, abusé d’un champagne millésimé commandé par caisses entières au room service par une attachée de presse anorexique et cocaïnée.
Charles Aznavour - Les comédiens