J’ai retrouvé par hasard un stock de photos de classe de quand j’étais petit. Elles étaient à la cave, elles attendaient qu’on vienne les chercher en s’imprégnant de cette odeur caractéristiques des trucs qui ont été stockés à la cave.
C’est toujours rigolo de retrouver des photos de classe. D’abord parce que c’est un saut dans une autre époque et puis aussi parce qu’on redécouvre des visages oubliés depuis des années.
C’était toujours un événement le jour de la photo de classe : on avait été prévenu à l’avance, on vous avait fait mettre vos plus beaux habits. Le matin on préparait la cour de récréation en installant quelques rangées de chaises dans le coin le plus joli qui avait des arbres derrière.
Au moment de la photo, c’était toujours un peu le bordel, il fallait mettre les grands derrière et les petits devant et puis se décaler un peu pour que tout le monde puisse tenir sur la photo.
Le monsieur qui nous prenait en photo était toujours assez rigolo. Je n’ai jamais su si c’était Monsieur Tourte ou Monsieur Petitin ou bien si les affaires des établissements Tourte et Petitin étaient suffisamment prospères pour leur permettre d’envoyer leurs sous-fifres aligner les enfants dans les cours de récréation de France en empochant les bénéfices du fond de leur bureau confortable.
Parfois on avait la lourde responsabilité de tenir l’ardoise, ce qui donnait un air un peu plus crispé que les autres sur la photo.
Quand on était un "t" comme moi (ceux dont le nom de famille commence par un "t") la photo de classe était l’unique chance de tenir l’ardoise car le jour des photos individuelles, seuls les "a" pouvaient prétendre à ce privilège.
On ne le savait pas à l’époque, mais cette ardoise permettrait des années plus tard de retrouver sur Internet les photos de classe de ses collègues de bureau et de se moquer de leur sous-pull en acrylique pendant la pause à la machine à café.
Renaud - Le sirop de la rue